Ses parents sont des militants communistes et syndicalistes : son père a été candidat du Parti communiste au Conseil d’arrondissement du canton de Jumilhac-le-Grand en 1937. Édouard Blanchou, son grand-père paternel, était quant à lui militant du syndicat paysan de gauche, et il a largement participé à la fédération des paysans de sa région.
Nancette Blanchou précise les conditions de la vie quotidienne au début des années 1940 dans la ferme familiale où la polyculture domine, en particulier le maraîchage : c’était une ferme relativement moderne, électrifiée et mécanisée. Son père, Jean Dolet, mettait la mécanisation au service d’un progrès social qu’il prônait : les ouvriers agricoles de la ferme bénéficiaient très tôt d’une assurance sociale. Nancette Blanchou décrit son plaisir de petite fille à participer aux travaux de la ferme, et à s’occuper des animaux.
Elle évoque également ses premiers souvenirs liés à l’engagement politique de son père : elle parle des joutes oratoires opposant Jean Dolet Blanchou, communiste, et des militants de la SFIO lors des repas familiaux. Elle se souvient également de manifestations pour la paix à La Coquille, où elle était en tête de cortège avec son père. C’est à cette occasion qu’elle a été gagnée par la peur lorsque les gendarmes se sont portés à la rencontre de son père pour disperser cette manifestation interdite.
Mobilisé en 1939, son père a été fait prisonnier mais a réussi à s’évader, et rejoindre son domicile. Plus tard, elle signale un évènement qui l’a effrayé : probablement fin août 1943, lors d’un repas familial, ses parents ont constaté qu’ils étaient épiés de l’extérieur.
Dès ce moment elle a nettement ressenti un changement d’atmosphère. Son père, cadre de la Résistance, disparaissait parfois nuitamment accompagnée de sa mère. Nancette Blanchou était terrifiée par cette absence, et au retour de sa mère ramenant le linge de son père, elle en respirait l’odeur afin de se rassurer.
Le 24 septembre 1943, deux jeunes gens arrivent à la ferme pour entrer au maquis : ce sont en réalité deux miliciens. L’après-midi même, la Gestapo et des soldats allemands encerclent la maison. Dolet Blanchou se cache immédiatement, et les personnes présentes à la ferme sont alignées dans la cour durant toute l’après-midi. Nancette, qui n’a pas encore sept ans, est menacée d’une arme pour conduire les miliciens vers le personnel travaillant dans les champs. Sa mère, qui refuse de quitter ses enfants, est conduite de force vers un véhicule et frappée. Devant les menaces pesant sur sa famille, Dolet se rend en fin de journée et fait ses dernières recommandations à Nancette. Ses parents sont emmenés et les enfants sont placés durant quelques jours dans une famille, puis reviennent dans leur maison, pillée. Leurs grands-parents s’occuperont d’eux, alors que leur mère est internée dans un hôpital de la région de Limoges. Elle revient en avril 1944 à La Coquille, très affectée par sa détention. Atteinte de tuberculose, elle décède en 1950. La famille Blanchou apprend la mort de Jean Dolet quelques temps avant la fin de la guerre.
Ce n’est que plus tard que Nancette Blanchou saura que son père est mort en déportation, au camp de Dora. Elle ne reconstituera son histoire que par fragments, notamment grâce à la rencontre avec André Mouton, déporté comme son père. Elle apprendra également que Jean Dolet a été dénoncé par une personne de La Coquille.
Elle précise que les dernières recommandations de son père ont conditionné la suite de son existence, et que cette arrestation l’a précipitée dans l’âge adulte. Très tôt, elle a porté des responsabilités familiales, qui ont parfois provoqué l’incompréhension autour d’elle.
Nancette Blanchou fera des études d’infirmière, puis deviendra à la fin de sa carrière infirmière scolaire à Périgueux.
Nota : Nancette Blanchou a témoigné dans l’ouvrage de Maria Carrier sur les enfants dans la Seconde Guerre mondiale.
Carrier Maria, "Maréchal, nous voilà... 1940-1944. Souvenirs d'enfances sous l'Occupation", Paris, Autrement, 2004.