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Avec les FNFL du Savorgnan de Brazza - Roger Arnault

Le témoignage

Roger Arnault - Témoignage intégral
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Roger Arnault est né le 21 décembre 1924 à Rochefort-sur-Mer (Charente Maritime) dans une famille d’artisans (travaux du bâtiment), sans engagement politique ou religieux. En 1929, son père quitte l’entreprise familiale pour s’engager dans une carrière de fonctionnaire colonial (travaux publics) à Madagascar, île que rejoint Roger Arnault en 1937. Pensionnaire du lycée Gallieni à Tananarive (aujourd’hui Antananarivo, capitale de Madagascar), il rejoint régulièrement ses parents à Majunga.
Les évènements des années 1930 n’ont pas particulièrement marqué Roger Arnault, dont il garde toutefois quelques souvenirs. L’actualité internationale est suivie par la famille mais cela reste marqué par la lenteur des communications avec les colonies. À la déclaration de la guerre son père est mobilisé sur place afin de travailler sur des tronçons de voies stratégiques. Roger Arnault précise que la défaite de la France est vécue différemment à Madagascar compte tenu de l’éloignement. La rupture des voies maritimes avec les colonies provoque des aléas dans l’approvisionnement : les produits métropolitains ne parviennent plus, mais l’île peut toutefois assurer une forme d’autosubsistance.
Madagascar est placée sous l’autorité du régime de Vichy jusqu’au débarquement des troupes britanniques en 1942 à Diégo-Suarez (aujourd’hui Antsiranana, au nord de l’île). Roger Arnault assiste au débarquement à Majunga qui est rapidement maîtrisée : les combats ne sont pas violents.
Le ralliement tardif des colonies à la France libre du Général de Gaulle trouve son origine dans les évènements du Tchad et de Mers el-Kébir (le 3 juillet 1940 la Royal Navy ouvre le feu et coule la plupart des bâtiments : l’objectif était d’éviter que la flotte française ne passe entre les mains des Nazis). Le point de vue des colonies est différent : les Français libres sont perçus comme des mercenaires de l’Angleterre. Selon Roger Arnault cela laissera une profonde cicatrice entre les marins de la France libre et ceux de la Marine nationale. De plus, l’information qui parvenait par la radio locale (Radio Tananarive) est hostile au Général de Gaulle. Roger Arnault reconnaît que lui-même n’était pas séduit par les discours du général de Gaulle.
Le 5 mars 1943, Roger Arnault, convaincu de la duperie du régime de Vichy s’engage dans la France libre à l’âge de 18 ans. Il est recruté dans les Forces navales françaises libres (FNFL) et dirigé sur Tamatave (côte est de Madagascar) où il est à l’instruction pendant quatre mois, comme timonier (chargé de signaux et des transmissions). Un bâtiment des FNFL, l’aviso colonial Savorgnan de Brazza fait escale à Tamatave et il lui manque un timonier : Roger Arnault embarque. Affecté en mer Rouge, ce bâtiment assure la sécurité des convois, menacés par les sous-marins allemands, italiens et japonais : comme dans l’Atlantique nord un grand nombre de navires de ravitaillement sont coulés. Puis il explique comment, fin 1943, le Savorgnan de Brazza est allé au secours du Triomphant, contre-torpilleur des FNFL touché par un typhon. En 1944, le Savorgnan de Brazza est dans l’océan Pacifique et travaille avec la marine des Etats-Unis. Après le débarquement en France, le navire rejoint la métropole fin 1944 après avoir effectué une mission d’escorte de navires entre l’Afrique du nord et l’Europe. Le Savorgnan de Brazza est ensuite en rade de Toulon, dans l’indifférence, puis en réparation à La Ciotat.
Roger Arnault précise qu’une certaine animosité régnait envers les FNFL, en raison du ralliement à Londres : à quai à Marseille le 24 décembre 1944 au soir, il est interdit aux marins de débarquer. Les hommes des FNFL connaissent parfois des brimades : la croix de Lorraine sur le drapeau des FNFL était appelée « le perchoir » par les hommes de la Marine nationale ; Roger Arnault cite également l’expérience d’un de ses amis engagé FNFL qui sera affecté aux porcheries de la Marine nationale à Lorient plutôt que sur un bâtiment.
Après une permission en Charente, Roger Arnault embarque sur Le Triomphant, qui après des manœuvres part pour le Pacifique afin d’appuyer les forces américaines dans leur bataille contre le Japon. En escale à Oran le 8 mai 1945, les hommes apprennent la capitulation de l’Allemagne, et le navire participe brièvement à la répression de révoltes indigènes. Victime d’une avarie, Le Triomphant fait escale à Diégo-Suarez (Madagascar) cependant que le Japon capitule : Roger Arnault demande sa démobilisation, qui est acceptée.
Il décrit un esprit spécifique à la France libre, fait de solidarité et de camaraderie dans des équipages multiculturels, aux convictions politiques parfois divergentes. C’est, selon Roger Arnault, l’engagement pour la restauration de la République et le retour de la France dans son rang qui a réuni ces hommes.
Roger Arnault est ensuite devenu adjoint technique à Madagascar, puis a été recruté par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Géomètre-topographe, il a travaillé à Madagascar puis en métropole pour le CEA et la Cogéma.
  • Témoin(s) :
    Arnault Roger En savoir plus

    Roger Arnault est né en 1924 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime) dans une famille d'artisans. Son père s'engage dans une carrière de fonctionnaire colonial à Madagascar en 1929, où Roger Arnault suit sa scolarité. Il assiste en 1942 au débarquement des britanniques qui prennent l'île, jusqu'alors placée sous l'autorité de Vichy. En mars 1943, il s'engage dans les Forces navales françaises libres (FNFL) et sert à bord de l'aviso colonial Savorgan de Brazza. En Mer rouge puis dans le Pacifique, il rejoint la métropole fin 1944. Il embarque sur le contre-torpilleur Le Triomphant, puis il est démobilisé à Madagascar lors d'une escale en août 1945.

  • Description :

    Entretien réalisé le 11 juin 2009 à Périgueux. Durée : 1 h 15 min 22 s

  • Sujet(s) :
    Forces navales françaises libres (FNFL), Mobilisation, Radio, Ravitaillement
  • Lieu(x) :
    Madagascar, Mers el-Kebir (Algérie)
  • Evénement(s) :
    Gouvernement de Vichy (1940-1944)
  • Personne(s) citée(s) :
    Gaulle Charles de
  • Cote :
    14 AV 45

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  • Présentation de Roger Arnault et de sa famille
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    Né en Charente-Maritime dans une famille d'artisans, il a suivi ses parents à Madagascar en 1937, où son père est fonctionnaire colonial.
  • Souvenirs de la fin des années 1930
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    Il précise avoir peu de souvenirs du Front populaire, dans la mesure où sa famille était peu engagée politiquement. Toutefois, il s'intéressait à l'actualité internationale, mais les informations étaient soumises aux lenteurs des communications avec les colonies. Pensionnaire du lycée Gallieni à Tananarive, il rejoint régulièrement ses parents qui résident à Majunga.
  • La défaite et le statut de Madagascar jusqu'en 1942
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    À la déclaration de guerre, son père a été mobilisé sur place afin de travailler sur des tronçons de voies stratégiques. Roger Arnault précise que Madagascar était placée sous l'autorité du gouvernement de Vichy, jusqu'au débarquement des troupes britanniques, en 1942 à Diégo-Suarez. De ce fait, son père a été mobilisé durant quelques temps contres les troupes anglaises. Il précise que la défaite militaire française de 1940 a été vécue comme un désastre mais selon un point de vue différent depuis les colonies. Roger Arnault indique également que la vie quotidienne n'a pas été bouleversée à Madagascar. La rupture des voies maritimes a toutefois provoqué des aléas dans l'approvisionnement : les produits métropolitains ne parviennent plus, mais l'île peut toutefois assurer une forme d’auto-subsistance. Il parle également du maréchal Pétain.
  • Le ralliement des colonies au général de Gaulle
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    Roger Arnault explique que les évènements de Mers el-Kébir (destruction de la flotte française par les britanniques) et Dakar affectent le point de vue des colonies : les Français libres sont perçus comme des mercenaires de l'Angleterre. Il ajoute que cela laissera une profonde cicatrice entre les marins de la France libre et ceux de la Marine nationale. De plus, l'information qui parvenait par la radio locale (Radio Tananarive) est hostile au général de Gaulle.
  • Engagement dans les FNFL à bord du Savorgnan de Brazza
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    Roger Arnault rejoint la France libre à l'âge de 18 ans, le 5 mars 1943, convaincu de la duperie du gouvernement de Vichy. Il a assisté avec ses parents au débarquement des britanniques à Majunga où les combats ne sont pas violents. Puis il est recruté dans les Forces navales françaises libres (FNFL) et dirigé sur Tamatave (côte est de Madagascar) où il est à l'instruction pendant quatre mois, en qualité de timonier. Il embarque à bord de l'aviso colonial Savorgnan de Brazza qui fait escale à Tamatave, où il remplace le timonier.
  • Les missions du Savorgnan de Brazza
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    Affecté en mer Rouge, ce bâtiment assure la sécurité des convois menacés par les sous-marins allemands, italiens et japonais : Roger Arnault explique qu'un grand nombre de navires de ravitaillement y sont coulés, tout comme dans l'Atlantique nord. Il présente les missions du bâtiment, dont la chasse aux sous-marins. Puis il explique comment, fin 1943, le Savorgnan de Brazza est allé au secours du Triomphant, un contre-torpilleur des FNFL touché par un typhon. En 1944, le Savorgnan de Brazza est en mission dans l'océan Pacifique aux côtés de la marine des Etats-Unis. Roger Arnault évoque l'île de Guadalcanal, rasée par les combats. Après le débarquement en France, le navire rejoint la métropole fin 1944 après avoir effectué une mission d'escorte de navires entre l'Afrique du nord et l'Europe.
  • Le retour du Savorgnan de Brazza en métropole
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    À Marseille le 31 décembre 1944 au soir, il est interdit aux marins du Savorgnan de Brazza de débarquer. Le bâtiment entre en rade de Toulon dans l'indifférence, puis est en réparation à La Ciotat. Roger Arnault précise qu'une certaine animosité régnait envers les FNFL, en raison du ralliement à Londres. Il livre quelques exemples de moqueries et brimades : la croix de Lorraine sur le drapeau des FNFL était appelée « le perchoir » par les hommes de la Marine nationale ; de plus les récompenses et carrières des marins des FNFL ne seront pas comparables.
  • À bord du Triomphant jusqu'à la démobilisation
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    Après une permission en Charente, Roger Arnault embarque sur Le Triomphant, qui appareille pour le Pacifique afin d'appuyer les forces américaines dans leur bataille contre le Japon. Les hommes apprennent la capitulation de l'Allemagne en mer. Lors d'une escale à Oran, le navire est brièvement mobilisé pour dégager des Européens après des révoltes indigènes. Victime d'une avarie, Le Triomphant fait escale à Diégo-Suarez (Madagascar) cependant que le Japon capitule : Roger Arnault demande sa démobilisation, qui est acceptée.
  • L'esprit de la France libre
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    Roger Arnault décrit l'esprit des Forces navales françaises libres, faites d'équipages multiculturels aux convictions politiques parfois divergentes. Ces hommes étaient réunis par la restauration de la République et le retour de la France dans son rang.
  • Les marines alliées
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    Roger Arnault apporte des précisions quant aux relations avec les marines britanniques et américaines.
  • Les dangers en mer
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    Roger Arnault parle du danger de torpillage et de la chance. Il évoque la chance d'un matelot échappant au naufrage du Surcouf.
  • Roger Arnault après sa démobilisation
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    Tout d'abord adjoint technique à Madagascar, il travaille sur une étude de voie ferrée, puis devient géomètre-topographe pour le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) à Madagascar puis en métropole, et pour la Cogéma. Enfin, il parle de ses décorations et de celles des marins des Forces navales françaises libres.