Yves Bancon se souvient des évènements politiques des années 1930, en particulier les manifestations de février 1934, puis la guerre d’Espagne. Il apporte son aide aux républicains espagnols réfugiés en Dordogne à la fin des années 1930, en s’impliquant dans des actions de solidarité. L’arrivée du front populaire en 1936 est une source de joie pour sa famille, d’autant plus que son père est réintégré à la SNCF. À la fin des années 1930, Yves Bancon joue au football au COPO (Club Olympique Périgueux Ouest), activité sportive qui compte beaucoup pour lui. Cela ne l’empêche pas de suivre les évènements de politique internationale, comme la signature des accords de Munich en 1938. Il sent qu’une guerre est probable. Trop jeune pour être mobilisé il se souvient des discussions entre jeunes, notamment lors de la diffusion de l’appel du général de Gaulle.
À l’arrivée des réfugiés du Bas-Rhin, il travaille pour la mairie de Périgueux, et a le souvenir d’un accueil mal préparé. Passionné de football, il souligne que l’arrivée du Racing club de Strasbourg, club professionnel, a eu une forte influence sur les équipes locales. Il essaie sans succès de rejoindre l’Afrique du nord par Marseille, en suivant les indications de quelques uns de ses amis. Puis en 1942 il est mobilisé par les Chantiers de jeunesse à Saint-Pé-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) et en 1943 il est requis par le Service du travail obligatoire (STO). Afin d’éviter les représailles sur sa famille, il choisit de partir et tente une évasion en cours de route, qui échouera. En mars 1943 il est dans la région de Vienne, dans un camp de transit dans lequel il constate les mauvais traitements infligés aux détenus par les Nazis.
Il est affecté à l’usine Flugmotor à un poste de dessinateur, pour les bâtiments. Il travaille avec de nombreuses nationalités, puis constate l’arrivée d’un kommando de Mauthausen affecté à la construction. C’est à ce moment qu’il côtoie l’univers concentrationnaire, et la violence des Nazis. Avec des camarades, ils décident de subtiliser des plans. Après une enquête de police, Yves Bancon s’évade en profitant d’une permission pour Strasbourg, le 31 octobre 1943.
Arrivée à la gare de Strasbourg il a rendez-vous avec une famille alsacienne qui avait été réfugiée à Excideuil. Après quelques jours, il se rend à Molsheim pour se rapprocher de la France. Avec la complicité d’un homme il est conduit à Schirmek, puis traverse une forêt à pied dans la neige. Au petit matin il se réfugie dans une ferme où il est chaleureusement accueilli. Puis il reprend son parcours et en frappant à une porte, il rencontre un homme qui connait la Dordogne. Avec la complicité des cheminots, il rejoint Saint-Dié, Nancy puis Paris. Là, il se réfugie chez des cousins et toujours avec la complicité des cheminots il prend le train pour Angoulême, Thiviers puis Périgueux où il arrive le 11 novembre 1943.
Il se cache chez des cousins avant de regagner la région de Montluçon pour se reposer, avec la complicité d’un inspecteur des renseignements généraux. À son retour à Périgueux, il est caché à l’évêché avec la complicité de Monseigneur Louis. Puis en janvier 1944 il se rend à Belvès et y rencontre les responsables de la Résistance. Il intègre les services de renseignement des Francs-tireurs et partisans (FTP) sous les ordres de Pierre Worms. Il précise ses missions, notamment les rencontres avec l’Armée secrète rue Pierre Magne à Périgueux. À la mi juin 1944, il choisit l’action et intègre le deuxième détachement de la 222e compagnie FTP, cantonné au lieu-dit la Richardie (commune de Blis-et Born). Il participe à de nombreux accrochages avec l’Armée allemande notamment sur la route nationale 89 à Charpenet (commune de Terrasson), et Niversac. Yves Bancon souligne le rôle déterminant de la population rurale pour l’essor et le fonctionnement des maquis. Après la libération de Périgueux, certains hommes de la compagnie sont dirigés vers le front de l’est de la France, d’autres sur le front de l’Atlantique. Yves Bancon reste en Dordogne et intègre les services de renseignement où il s’agit pour l’essentiel de mener des enquêtes pour traquer les collaborateurs. Après l’armistice, il intègre une école des cadres à Magnac-Laval (Haute-Vienne), puis Brive (Corrèze) où il demande à être démobilisé, ce qui est effectif en octobre 1945.
Il regagne la vie civile, reprend son emploi à la ville de Périgueux avant de devenir technicien dans une entreprise de construction de Mussidan durant dix années.