À la déclaration de la guerre, ses quatre frères sont mobilisés, et lors de la débâcle Jacques Cadalen se souvient avoir vu des soldats français assurer la garde des berges de la Dordogne. Ses frères ne sont pas prisonniers et regagnent la ferme familiale. La défaite est une déception pour la famille Cadalen, qui écoute la radio de Londres afin d’obtenir des informations.
Son frère Yves Cadalen est un des premiers Résistants de Saint-Pierre-d’Eyraud : en juillet 1942, il l’informe qu’avec ses amis Valade et Dezon ils forment un groupe de Résistance.
Le 7 juillet 1943 il est requis pour les Chantiers de jeunesse, dans le Puy-de-Dôme : il souhaite s’y soustraire mais le commandant Pinson, qui dirigeait la Résistance dans le secteur ouest de Bergerac, lui recommande d’obéir afin de ne pas nuire à sa famille. Il était convenu qu’il serait mobilisé par la Résistance dès que possible. Deux parachutages venant de se produire dans la région de Saint-Pierre-d’Eyraud, son frère envisage l’imminence d’un débarquement et le sollicite. Alors que sa mère, gravement malade, décède, il se rend à ses obsèques le 4 février 1944 et saisit l’occasion pour ne pas regagner les Chantiers de jeunesse. Il se cache chez son frère, puis chez la famille Dezon. Il est engagé dans une ferme sous le nom de Jacques Lestang.
Après le 6 juin, il rejoint le corps franc Louis (Armée secrète) à Saint-Pierre-d’Eyraud, dirigé par le lieutenant Collic. Il est alors agent de liaison et garde du corps du commandant Pinson, à son Poste de commandement à La Force. La mission de Jacques Cadalen est d’informer le groupe Collic de Saint-Pierre-d’Eyraud des déplacements de Pinson. Le 7 juin ce dernier lui demande de récupérer le produit de trois parachutages (chez Pinson, à Bourg-d’Abren, et Saint-Pierre-d’Eyraud) puis d’organiser sa distribution. Mais l’armement était nettement insuffisant en quantité. La mission de l’Armée secrète était alors d’entraver la circulation des troupes allemandes, et non de libérer les villes et villages. L’action des maquis était alors surveillée et compliquée par la présence d’un avion d’observation venant de l’aérodrome de Roumagnières.
Le 19 juin, le groupe du commandant Pinson reçoit un ordre de repli vers le Sarladais (Meyrals, Marquay, Saint-Romain-de-Monpazier). Le commandant Pinson tombera le 9 juillet à Beaumont du Périgord. Il indique comment « Soleil » des Francs-tireurs et partisans (FTP) avait alors envisagé d’arrêter le commandant Pinson qui était sur son territoire.
Il relate également le sabotage de wagons de poudre, auquel il n’a pas participé, et celui du bureau de la Légion des volontaires français (LVF) à Bergerac.
Jacques Cadalen précise que le ravitaillement des maquis n’a pas été une contrainte ni un obstacle : la population rurale a apporté un grand soutien à la Résistance en donnant du blé et du pain.
Il rentre le 20 août 1944 dans Bergerac libéré, où l’AS Collic intègre le bataillon AS Joseph, dirigé par le capitaine Joseph Xantraille. Ils se positionnent au Fleix afin d’éviter un retour des Allemands sur Bergerac. Puis ils rejoignent les rives de la Garonne, et arrivent à Bordeaux le 28 août. Le 29 août ils subissent un accrochage avec la Milice, puis sa compagnie défile dans les rues de Bordeaux devant le général de Gaulle, avant de poursuivre les troupes allemandes jusqu’à Talmont sur Gironde (Charente-Maritime). Durant son passage sur le front de l’Atlantique, il déclare que les combats auxquels il a assisté ne furent pas violents, d’autant plus que les Résistants étaient mal armés. Jacques Cadalen précise que c’est à leur départ de Bergerac, que de « faux Résistants » ont pris la place et tondu des femmes.
Il part sur le front d’Alsace avec le 126e Régiment d’infanterie, puis en Allemagne. Il fait le récit des combats de rue menés contre les Nazis à Rastadt, où quatre cent prisonniers seront faits. Puis il est dirigé à Baden-Baden et Forbach (Forêt noire).
Il est démobilisé en novembre 1945 et regagne la ferme familiale qu’il reprend avec ses frères et sœurs. En 1958 il s’installe à Creysse et en 1965 devient maraîcher, jusqu’à sa retraite.
Jacques Cadalen est par ailleurs passionné de préhistoire et inventeur d’un site d’habitat sur les bords de la Dordogne.