Jacques Prout passe son certificat d’études en 1935 et se souvient de l’arrivée du Front populaire en 1936. Les accords de Munich en 1938 sont vécus par sa famille comme une trahison, et une marche vers la guerre. Son père était communiste et suivait l’actualité politique en lisant le journal et en écoutant la radio. Sa mère ne s’intéressait pas à la politique et ne le pouvait pas selon Jacques Prout : en effet, le foyer et les sept enfants réclamaient de l’attention. Il interrompt très tôt ses études afin d’aider ses parents à subvenir aux besoins de la famille (Jacques Prout a cinq frères et deux sœurs) : il précise qu’il y avait « davantage besoin de pain sur la table que de diplômes ». Pour cela, il a changé cinq fois de métiers durant la guerre.
À la déclaration de la guerre, aucun de ses frères n’est mobilisé en raison de leur âge. La défaite de 1940 est une surprise, et l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain n’est pas accueillie avec joie dans sa famille.
Il connaît l’existence de groupes armés, dont le « maquis des sangliers » de Mireille par les discussions et relations qu’il peut avoir avec ses amis.
En juillet 1943, il est appelé pour les Chantiers de jeunesse dans la région de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme). En contact avec des maquisards de la région, il ne peut les rejoindre car ces derniers ne sont pas en mesure de l’accueillir faute d’équipement. Grâce à un médecin, il obtient un sursis et regagne son domicile dès la fin de l’été 1943. Il change de foyer fréquemment et fait office de facteur durant quelques semaines.
Sous la menace d’une dénonciation d’un garçon qui jouait au football avec lui, il entre dans la Résistance le 10 mars 1944. Il rejoint un groupe de clandestins et participe à l’organisation de parachutages à Saint-Martin-l’Astier et Saint-Étienne-de-Puycorbier (canton de Mussidan). Puis il a été chargé du renseignement et du recrutement des jeunes par Basillou. Ce dernier était un Résistant légal, en relation avec Londres, qui fut à l’origine de la création du 4e bataillon FTP en novembre 1943. Alors qu’il est en mission à Pujols sur Dordogne (Gironde) pour contacter Yves Péron (militant communiste condamné en novembre 1940 pour ses activités politiques), il est arrêté par des hommes de l’Armée secrète durant plusieurs heures car inconnu de l’AS, il paraissait suspect en raison de ses déplacements. Jacques Prout raconte également un épisode étonnant : l’une de ses sœurs, raflée le 26 mars 1944, a été négociée contre une omelette. En effet, à un officier allemand qui réclamait ce plat, son père a audacieusement imposé en échange le retour de sa fille.
Après le 6 juin 1944, il continue son rôle d’agent de liaison et de renseignement alors que les jeunes affluent vers les maquis. Le camp du 4e bataillon FTP est installé aux Héritiers, commune de Saint-Michel-de-Double. Des évènements du 11 juin 1944 à Mussidan il n’a rien su, ni de l’attaque du train de la Banque de France en juillet 1944 : il précise que c’est l’Armée secrète qui a mené cet assaut.
Il souligne le rôle déterminant de la population de la forêt de la Double qui a apporté un soutien matériel et moral à la Résistance, mais aussi celui des gendarmes de Mussidan qui ont informé les maquis.
En raison de sa pleurésie, il est retenu par les médecins et ne participe pas à la libération de Périgueux : il rejoint ses camarades du 108e Régiment d’infanterie sur le front de l’Atlantique à Surgères (Charente-Maritime), puis à La Rochelle. Il apprend au contact de prisonniers allemands la propagande auxquels ces derniers sont soumis : persuadés d’être fusillés ou assassinés par des communistes, les soldats allemands sont invités à ne pas se rendre. Puis le 108e Ri est en occupation en Allemagne. Il est démobilisé le 20 novembre 1945 puis regagne la Dordogne où il reprend une activité professionnelle : il est mécanicien, et en 1950 est employé dans un sanatorium à Mussidan.
Jacques Prout a été maire de Saint-Louis-en-l’Isle durant dix huit ans.