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Agent de liaison FTPF en forêt de la Double - Jacques Prout

Le témoignage

Jacques Prout - Témoignage intégral
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Jacques Prout est né le 5 mai 1923 à Saint-Front-de-Pradoux. Son père est ouvrier à la Société anonyme de travaux métalliques (SATM) à Mussidan, et sa mère aide ses parents aux travaux de la terre. Son père, appelé de la classe 1912 a été mobilisé dès la fin de son service militaire en 1914, puis a été fait prisonnier en 1917 aux Chemin des dames, avant de rejoindre ses foyers en 1919.
Jacques Prout passe son certificat d’études en 1935 et se souvient de l’arrivée du Front populaire en 1936. Les accords de Munich en 1938 sont vécus par sa famille comme une trahison, et une marche vers la guerre. Son père était communiste et suivait l’actualité politique en lisant le journal et en écoutant la radio. Sa mère ne s’intéressait pas à la politique et ne le pouvait pas selon Jacques Prout : en effet, le foyer et les sept enfants réclamaient de l’attention. Il interrompt très tôt ses études afin d’aider ses parents à subvenir aux besoins de la famille (Jacques Prout a cinq frères et deux sœurs) : il précise qu’il y avait « davantage besoin de pain sur la table que de diplômes ». Pour cela, il a changé cinq fois de métiers durant la guerre.
À la déclaration de la guerre, aucun de ses frères n’est mobilisé en raison de leur âge. La défaite de 1940 est une surprise, et l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain n’est pas accueillie avec joie dans sa famille.
Il connaît l’existence de groupes armés, dont le « maquis des sangliers » de Mireille par les discussions et relations qu’il peut avoir avec ses amis.
En juillet 1943, il est appelé pour les Chantiers de jeunesse dans la région de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme). En contact avec des maquisards de la région, il ne peut les rejoindre car ces derniers ne sont pas en mesure de l’accueillir faute d’équipement. Grâce à un médecin, il obtient un sursis et regagne son domicile dès la fin de l’été 1943. Il change de foyer fréquemment et fait office de facteur durant quelques semaines.
Sous la menace d’une dénonciation d’un garçon qui jouait au football avec lui, il entre dans la Résistance le 10 mars 1944. Il rejoint un groupe de clandestins et participe à l’organisation de parachutages à Saint-Martin-l’Astier et Saint-Étienne-de-Puycorbier (canton de Mussidan). Puis il a été chargé du renseignement et du recrutement des jeunes par Basillou. Ce dernier était un Résistant légal, en relation avec Londres, qui fut à l’origine de la création du 4e bataillon FTP en novembre 1943. Alors qu’il est en mission à Pujols sur Dordogne (Gironde) pour contacter Yves Péron (militant communiste condamné en novembre 1940 pour ses activités politiques), il est arrêté par des hommes de l’Armée secrète durant plusieurs heures car inconnu de l’AS, il paraissait suspect en raison de ses déplacements. Jacques Prout raconte également un épisode étonnant : l’une de ses sœurs, raflée le 26 mars 1944, a été négociée contre une omelette. En effet, à un officier allemand qui réclamait ce plat, son père a audacieusement imposé en échange le retour de sa fille.
Après le 6 juin 1944, il continue son rôle d’agent de liaison et de renseignement alors que les jeunes affluent vers les maquis. Le camp du 4e bataillon FTP est installé aux Héritiers, commune de Saint-Michel-de-Double. Des évènements du 11 juin 1944 à Mussidan il n’a rien su, ni de l’attaque du train de la Banque de France en juillet 1944 : il précise que c’est l’Armée secrète qui a mené cet assaut.
Il souligne le rôle déterminant de la population de la forêt de la Double qui a apporté un soutien matériel et moral à la Résistance, mais aussi celui des gendarmes de Mussidan qui ont informé les maquis.
En raison de sa pleurésie, il est retenu par les médecins et ne participe pas à la libération de Périgueux : il rejoint ses camarades du 108e Régiment d’infanterie sur le front de l’Atlantique à Surgères (Charente-Maritime), puis à La Rochelle. Il apprend au contact de prisonniers allemands la propagande auxquels ces derniers sont soumis : persuadés d’être fusillés ou assassinés par des communistes, les soldats allemands sont invités à ne pas se rendre. Puis le 108e Ri est en occupation en Allemagne. Il est démobilisé le 20 novembre 1945 puis regagne la Dordogne où il reprend une activité professionnelle : il est mécanicien, et en 1950 est employé dans un sanatorium à Mussidan.
Jacques Prout a été maire de Saint-Louis-en-l’Isle durant dix huit ans.
  • Témoin(s) :
    Prout Jacques En savoir plus

    Jacques Prout est né en 1925 à Saint-Front-de-Pradoux dans une famille engagée au Parti communiste français. En 1943, il est requis par le Service du travail obligatoire (STO). Il s'engage dans la Résistance des Francs-tireurs et partisans (FTPF) en mars 1944 où il est agent de liaison et de renseignement, également chargé d'assurer le passage des jeunes vers le maquis. Engagé sur le front de l'Atlantique, il participe à l'occupation de l'Allemagne jusqu'en en novembre 1945. Jacques Prout a été maire de Saint-Louis-en-l'Isle durant dix huit ans.

  • Description :

    Entretien réalisé le 6 juillet 2009 à Saint-Louis en l'Isle. Durée : 1h 07 min 00 s

  • Sujet(s) :
    108e régiment d'infanterie, 4e bataillon (FTPF), Armée secrète (AS), Arrestation, Autorité d'occupation, Chantier de la jeunesse, Francs-tireurs et partisans français (FTPF), Gendarmerie, Maquis, Parachutage, Population rurale, Propagande, Radio, Renseignement
  • Lieu(x) :
    Allemagne, Atlantique, poches de l' (1944-1945), Beaufort (commune de Saint-Front-de-Pradoux), Pujols-sur-Dordogne (Gironde), Rochelle, la (Charente-Maritime), Saint-Étienne-de-Puycorbier, Saint-Front-de-Pradoux, Saint-Martin-l'Astier, Saint-Michel-de-Double, Surgères (Charente-Maritime)
  • Evénement(s) :
    Front populaire (1936-1938), Conférence de Munich (1938)
  • Personne(s) citée(s) :
    Bazillou Émile, Goldman Marc (dit Polorn, dit Mireille), Péron Yves (dit Caillou)
  • Cote :
    14 AV 54

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  • Présentation
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    Jacques Prout est né à Saint-Front-de-Pradoux en 1923. Son père est ouvrier à la Société anonyme de travaux métalliques (SATM) à Mussidan, et sa mère aide ses parents aux travaux de la terre. Son père était ancien combattant de la première guerre mondiale : appelé de la classe 1912, il a été mobilisé dès la fin de son service militaire en 1914, puis a été fait prisonnier en 1917 avant de rejoindre ses foyers en 1919. Il parle de ses sept frères et sœurs. Il explique brièvement pourquoi il est entré en résistance.
  • Souvenirs des années 1930
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    Jacques Prout indique qu'il s'est toujours intéressé à la vie politique et se souvient du Front populaire. Son père qui était communiste suivait l'actualité politique en lisant le journal et en écoutant la radio. Sa mère, quant à elle, ne pouvait s'intéresser à la politique en raison des travaux domestiques. Jacques Prout indique avoir quitté l'école très jeune afin d'aider financièrement sa famille, et a occupé plusieurs emplois sous l'Occupation.
  • Rafle du 26 mars 1944 et souvenirs de l'Occupation
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    Il évoque la rafle du 26 mars 1944, et explique qu'une de ses sœurs retenue a été négociée en échange d'une omelette. Puis il évoque des évènements liés à l'Occupation, dont une arrestation à Saint-Front-de-Pradoux. Il évoque rapidement les autres rafles de la région.
  • Souvenirs de la déclaration de guerre
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    Jacques Prout parle des accords de Munich, vécue comme une trahison dans sa famille. Il évoque les députés qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il précise qu'aucun de ses frères n'a été mobilisé. Puis la défaite de 1940 a constitué une surprise pour lui et sa famille. Il parle des discussions politiques d'alors et de la confiance des anciens combattants en Pétain.
  • Ses déplacements pour la Résistance, son arrestation par l'AS
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    Alors qu'il est chargé par Basillou de se rendre à Pujols-sur-Dordogne (Gironde) pour contacter Yves Péron, il est arrêté par des hommes de l'Armée secrète durant plusieurs heures : inconnu de l'AS, il paraissait suspect en raison de ses déplacements. Puis il parle de ses nombreux déplacements pour le compte des Francs-tireurs et partisans, dont une surveillance d'épicerie qui lui a permis d'identifier un délateur.
  • L'action des cheminots
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    Il fait le récit d'une action de résistance des cheminots, alors que les troupes d'occupation avaient envahi des voies. Il a pu constater que par leur silence les cheminots ont aidé des résistants cachés dans les machines.
  • Émile Bazillou et le 4e bataillon FTP
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    Jacques Prout parle du résistant légal Émile Bazillou, en relation avec Londres et qui fut à l'origine de la création du 4e bataillon FTP en novembre 1943. Il parle des hommes qui ont constitué ce bataillon.
  • Les maquis
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    Jacques Prout explique que son père n'a jamais connu de difficultés en qualité de membre du parti communiste, avant de préciser qu'il était impossible de ne pas être informé de l'existence de groupes de résistance dans la région. Il évoque le maquis des sangliers de Mireille (Marc Goldman). Il souligne également le rôle de la population de la forêt de la Double pour l'essor des maquis.
  • Les Chantiers de jeunesse
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    En juillet 1943, il est appelé pour les Chantiers de jeunesse dans la région de Bourg-Lastic dans le Puy-de-Dôme. En contact avec des maquisards de la région, il ne peut les rejoindre car ces derniers ne sont pas en mesure de l'accueillir faute d'équipement. Il décrit ses activités, de production de charbon de bois. Grâce à un médecin, il obtient un sursis et regagne son domicile dès la fin de l'été 1943.
  • Retour en Dordogne, Résistance et parachutages
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    Il change de foyer fréquemment et fait office de facteur durant quelques semaines. Il explique son rôle dans la Résistance, qui consistait à conduire les jeunes dans la Résistance. Sa pleurésie lui interdisait une vie clandestine dans les bois. Sous la menace d'une dénonciation d'un garçon qui jouait au football avec lui, il entre dans la Résistance le 10 mars 1944. Il rejoint un groupe de clandestins et participe à l'organisation de parachutages à Saint-Martin-l'Astier et Saint-Étienne-de-Puycorbier. Il parle de la gendarmerie de Mussidan qui a aidé la Résistance.
  • La Résistance avant le 6 juin 1944
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    Jacques Prout précise qu'il connaissait beaucoup la population de la région, ce qui lui a été très utile. Il cite le cas d'un de ses amis qu'il a caché dans une famille puis fait entrer dans la Résistance. Il décrit son rôle, consistant à conduire les jeunes dans les maquis. Il explique comment il a échappé à une opération de répression menée par les troupes d'occupation lors d'un convoyage dans la région de Saint-Étienne-de-Puycorbier.
  • La Résistance après le 6 juin 1944
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    Jacques Prout continue son rôle d'agent de liaison et de renseignement alors que les jeunes affluent vers les le camp du 4e bataillon FTP, installé aux Héritiers, commune de Saint-Michel-de-Double. Il évoque les opérations de sabotage sur les voies ferrées. Il parle d'une opération contre l'occupant à Beaufort en août 1944. Au sujet de l'attaque du train de la Banque de France à Neuvic, Jacques Prout précise qu'il n'était pas présent et que c'était l'Armée secrète qui a mené l'opération.
  • Sur le front de l'Atlantique
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    En raison de sa pleurésie, il est retenu par les médecins et ne participe pas à la libération de Périgueux : il rejoint ses camarades du 108e régiment d'infanterie à Surgères. Il est affecté au garage, puis est muté sur le front. Il parle de l'armement, où l'on retrouve l'équipement du maquis (mitraillette Sten). Il évoque l'attaque de La Rochelle et les prisonniers allemands. Il apprend à leur contact la propagande auxquels ils sont soumis : persuadés d'être fusillés ou assassinés par des communistes, les soldats allemands sont invités à ne pas se rendre.
  • Occupation de l'Allemagne, démobilisation et retour à la vie civile
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    Il explique que le 108e régiment d'infanterie est devenu en Allemagne le 129e régiment d'infanterie. Il explique son rôle au secrétariat de la 3e compagnie du 129e régiment d'infanterie. Il est démobilisé le 20 novembre 1945 puis regagne la Dordogne où il reprend une activité professionnelle : il est mécanicien, et en 1950 est employé dans un sanatorium à Mussidan. Jacques Prout a été maire de Saint-Louis en l'Isle durant dix huit ans.
  • Les risques au maquis
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    Jacques Prout évoque le danger et une astuce vestimentaire pour échapper aux arrestations. Il parle d'une rencontre avec les troupes d'occupation, et comment il a caché des fusées d'alarme qu'il transportait.