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Résistance à Bergerac - Jean Vergnon

Le témoignage

Jean Vergnon - Témoignage intégral
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Jean Vergnon est né le 11 mars 1925 à Cours-de-Pile (canton de Bergerac). Son père était employé de banque et sa mère tenait un café-restaurant à Couze-et-Saint-Front (canton de Lalinde). Il est le cadet d’une famille de trois enfants. Son père, ancien combattant de la Première guerre mondiale dans la Marine lui faisait fréquemment le récit des combats et de ses tours du monde. Alors qu’il est âgé de dix ans, sa famille s’installe à Bergerac.
Jean Vergnon se souvient de l’arrivée du Front populaire et de l’ambiance joyeuse à Bergerac, mais précise qu’il n’y a pas d’engagement politique particulier dans sa famille. Les congés payés sont un bon souvenir pour lui, dans la mesure où il partait chaque année en vacances au bord de la mer avec ses parents. Alors qu’il séjournait dans les Pyrénées, il a le souvenir précis de l’arrivée des réfugiés espagnols, démunis et désespérés. À la fin des années 1930 sa famille suit avec inquiétude la montée du nazisme en Allemagne.
À la déclaration de la guerre, Jean Vergnon se souvient de l’afflux de réfugiés, parfois accueillis dans la maison familiale, mais aussi de militaires Français en débâcle. Lorsque le maréchal Pétain est arrivé au pouvoir, sa famille a confiance, particulièrement sa mère qui était très pieuse. Il souligne le rôle des prêtres de la région de Bergerac, très favorables au maréchal Pétain. Puis ce fut l’arrivée des nombreux réfugiés alsaciens, accueillis à Bergerac dans des conditions nettement moins confortables que dans le département du Bas-Rhin. Il souligne l’existence d’un courant pronazi parmi la jeunesse alsacienne.
Jean Vergnon est alors passionné de sport et de gymnastique et s’entraîne en vue du concours national de recrutement des professeurs d’éducation physique. Pour cela, sa mère l’a inscrit au Club des enfants de France, un patronage. Il côtoie deux gymnastes, Charles Mary et Lucien Desmoulin, tous deux d’origine alsacienne et policiers à Bergerac. Après une discussion au sujet de la radio de Londres, ils décident d’intégrer Jean Vergnon à leur réseau, et le recommandent fin 1943 pour un emploi au commissariat, en qualité de requis civil pour l’établissement de cartes d’identités. Compte tenu de ses fonctions, il disposait d’un laissez-passer lui permettant de circuler la nuit sans être inquiété. Il pouvait donc assurer un travail de Résistant légal, d’agent de liaison et de transport d’armes. Il a également établi de très nombreuses fausses cartes d’identité, et, grâce à la complicité d’une secrétaire, obtenu une copie d’une liste de personnes à rafler : des Juifs de la région de Bergerac et des Résistants, qui ont pu échapper aux arrestations. Jean Vergnon précise qu’il n’était en relation directe qu’avec que très peu de Résistants, hormis les deux inspecteurs avec lesquels ils forment une unité triangulaire. Il souligne la complexité de l’organisation, imprégnée de secret et de silence : constatant les bonnes relations entre l’occupant et le secrétaire du commissaire de police, il était amené à penser que ce dernier était collaborateur. Il apprendra bien plus tard que cet homme était un authentique Résistant (il s’agit d’Henri Vincent, commissaire de police en retraite, dont le témoignage a été enregistré en juin 2008 par les Archives départementales de la Dordogne).
Jean Vergnon parle également de son frère, incorporé dans un Chantier de la jeunesse à Toulouse et requis directement au sein de ce chantier par le Service du travail obligatoire pour la Flugmotor à Vienne e, Autriche (parcours similaire à celui de Pierre Ciana, dont le témoignage figure sur ce site).
Fin juin 1944, Jean Vergnon est arrêté par les Allemands après un contrôle où ils constatent que sa carte d’identité est tronquée. Détenu et frappé, il a cependant pu s’échapper par un soupirail durant la nuit. Au moment du débarquement Allié, il quitte son emploi et rejoint le maquis de Bergeret (Maurice Loupias, dit Bergeret, chef de l’Armée secrète en bergeracois) pour intégrer son corps franc.
Le 11 juin 1944, il participe au combat de Mouleydier et lors d’un accrochage il transporte un blessé sur son dos. Il précise les causes de la concentration de troupes allemandes dans la région, liées à une rumeur organisée par les Alliés visant à faire croire au parachutage d’une ou deux divisions dans le secteur. Puis il participe au combat de la Ribeyrie (commune de Lembras), le 14 juin 1944 où une embuscade est menée avec succès contre les troupes d’occupation. Il souligne le manque d’encadrement militaire et le manque d’armes des maquis.
Il participe à l’investissement de Bergerac en août 1944, et parle des évènements festifs mais aussi de la tonte des femmes, évènement qui l’a particulièrement marqué.
Sergent au 26e Régiment d’infanterie, il est parmi le contingent dirigé vers les poches de l’Atlantique : il participe aux combats de Royan puis La Rochelle, en soulignant l’inadaptation de l’armement à ce type de combats. Puis, en mai 1945 il est embarqué à Cognac à bord d’avions pour l’Algérie, où il s’agit d’assurer le maintien de l’ordre. Mais en réalité il n’a pas de mission et reprend son entraînement sportif. Il déclare au colonel Mingasson ne pas vouloir s’engager, n’ayant pas la vocation du métier des armes. Il regagne la France en septembre 1945 et se fait démobiliser.
Retenu au concours national de recrutement des professeurs d’éducation physique en 1943, juste avant d’entrer dans la clandestinité, il se rend à Paris pour être intégré. Il est en proie à des difficultés administratives liées à son engagement dans la Résistance, puis parvient à suivre le cursus durant deux ans. Troisième de sa promotion, il choisit son lieu d’affectation et devient professeur d’éducation physique en Dordogne.
Ce n’est qu’à sa retraite qu’il accepte d’évoquer son parcours dans la Résistance : en effet, durant toute sa carrière professionnelle, il n’a pas tenu à s’exprimer, déçu par le rôle politique que l’on a fait tenir à la Résistance dans l’après-guerre.
  • Témoin(s) :
    Vergnon Jean En savoir plus

    Jean Vergnon est né en 1925 à Cours-de-Pile d'un père employé de banque et d'une mère commerçante. Âgé de dix-huit ans à la déclaration de guerre, il se préparait au concours national de recrutement des professeurs de gymnastique. Lors de ses entrainements sportifs à Bergerac, il fait la connaissance de deux inspecteurs de police alsaciens qui lui proposent de former un groupe de résistants. En 1943 il est reçu au concours de professeur de gymnastique mais il est engagé en qualité de personnel civil au commissariat de Bergerac, grâce aux deux inspecteurs alsaciens. Affecté au service des cartes d'identité, il produit de nombreux faux documents pour la Résistance ou pour le sauvetage d'israélites, et communique également de nombreuses informations. En juin 1944 il est arrêté sur un contrôle d'identité et parvient à s'échapper : il entre alors dans le maquis de Bergeret (Maurice Loupias) de l'Armée secrète. Il s'engage dans son corps-franc et participe aux combats de Mouleydier et de la Ribeyrie (commune de Lembras), puis à la libération de Bergerac, période où il passe au groupe François Ier (Armée secrète). Sur le front de l'Atlantique en septembre 1944, il part pour l'Algérie avec le 26e régiment d'infanterie en mai 1945. Démobilisé en septembre 1945, il suit la formation de professeur de gymnastique à Paris puis devient enseignant à Bergerac durant toute sa carrière.

  • Description :

    Entretien réalisé le 30 septembre 2009 à Bergerac. Durée : 2 h 15 min 24 s

  • Sujet(s) :
    26e régiment d'infanterie, Arrestation, Autorité d'occupation, Avion, Bergeret, corps-franc (Armée secrète), Cerisier, groupe (Armée secrète), Congés payés, Équipement matériel, Forces alliées, François Ier, groupe (Armée secrète), Groupe mobile de réserve (GMR), Juif, Maquis, Parachutage, Police, Population rurale, Radio, Rationnement, Ravitaillement, Réfugié de guerre, Renseignement, Sabotage, Vie quotidienne
  • Lieu(x) :
    Algérie, Atlantique, poches de l' (1944-1945), Bergerac, Couze-et-Saint-Front, Gaffan (commune de Saint-Sauveur), Lamonzie-Montastruc, Lembras, Mouleydier, Pressignac-Vicq, Ribeyrie, la (commune de Lembras), Saint-Sauveur
  • Evénement(s) :
    Collaboration (1940-1944), Front populaire (1936-1938), Libération (1944-1945)
  • Personne(s) citée(s) :
    Desmoulins Lucien (pseudonyme), Feyry Marceau (dit François Ier), Goldman Marc (dit Polorn, dit Mireille), Hugonnot René, Kempf René, Kessler Jean, Loupias Maurice (dit Bergeret), Marie Charles (pseudonyme), Paquette Jean (dit Pommier)
  • Cote :
    14 AV 62

Photos

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  • Présentation
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    Jean Vergnon se présente. Il est né en mars 1925 à Cours-de-Pile.
  • Son parcours dans la Résistance
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    Âgé de dix-huit ans, il se préparait au concours national de recrutement des professeurs de gymnastique, et s'entrainait plusieurs fois par semaine dans un club de Bergerac. Alors qu'il fréquentait ce club, il rencontre et sympathise avec deux inspecteurs du commissariat de Bergerac, deux gymnastes alsaciens. Il parle avec eux de la radio de Londres, et peu de temps après, ils lui proposent de se joindre à eux pour former un groupe de trois résistants. Il travaille donc avec ces deux hommes qui se nomment Charles Marie et Lucien Desmoulins, des pseudonymes. Sur leurs conseils, il est requis civil du commissariat de Bergerac, affecté aux cartes d'identité. Jean Vergnon a donc produit des fausses cartes pour la Résistance ou des Juifs. Il explique aussi avoir été en contact avec Bergeret, avoir effectué des transports d'armes grâce à son autorisation de circuler de nuit.
  • La famille de Jean Vergnon
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    Il précise sa date de naissance et parle de ses parents et sa famille. Son père était employé de banque et ajoute qu'il y avait de nombreux enseignants dans sa famille. Sa mère tenait un café à Couze-et-Saint-Front, où il a passé une grande partie de son enfance. Il a un frère et une sœur. Il précise que ses parents n'avaient pas d'engagement politique particulier, et que l'on ne parlait pas politique dans sa famille. Il explique qu'il n'a pu passer le concours de professeur de gymnastique qu'après la Libération.
  • Souvenirs de 1936 : Front populaire et congés payés
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    Il se souvient du Front populaire et de l'ambiance à Bergerac, faite de nombreuses réunions. Il précise que son père n'était pas en accord avec ce courant politique. Sa famille possédait une radio qui apportait une source d'informations, particulièrement après la défaite française. Jeune-homme, il écoutait la radio car il se passionnait d'exploits aéronautiques. Il se souvient de l'arrivée des congés payés et de l'ambiance de camaraderie et d'amitié.
  • Guerre d'Espagne et montée du nazisme
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    Jean Vergnon évoque son souvenir de vacances dans les Pyrénées où il a vu des Républicains espagnols traverser la frontière. Il a été bouleversé par leur dénuement, et souligne leur rôle dans la Résistance française plus tard. Ce n'est que plus tard qu'il prend conscience de la montée du nazisme en Allemagne. Puis il parle de son père, ancien combattant de la Première guerre mondiale, qui était dans la marine. Il parlait à ses enfants des combats auxquels il a participé et de ses voyages. Le réarmement de l'Allemagne dans l'entre-deux-guerres et la montée du nazisme que la famille a pu observer les préoccupait.
  • La déclaration de guerre, la défaite et l'espoir
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    Jean Vergnon évoque la tristesse de son père puis l'accueil des réfugiés qui passaient devant chez lui. Il se souvient également de la débâcle de l'armée française. Puis lorsque le maréchal Pétain est arrivé au pouvoir en 1940, Jean Vergnon se souvient que sa mère lui était très favorable. Il évoque également la bataille de Dunkerque puis la fin des combats et l'armistice. Il a également le souvenir du général de Gaulle qui lui a donné de l'espoir en l'avenir.
  • Les réfugiés du Bas-Rhin
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    Jean Vergnon se souvient que l'école normale de Strasbourg était repliée à Bergerac, à proximité du gymnase dans lequel il s'exerçait. Il évoque la mémoire des deux inspecteurs de police avec qui il était en contact. Il parle de René Kempf, champion de gymnastique avec lequel il s'entrainait. Il précise que certains jeunes alsaciens étaient pronazis. Il ajoute que sa famille a accueilli des réfugiés du Bas-Rhin, et évoque l'arrestation par la police d'une famille juive, dont il a oublié le nom. Puis il parle de la qualité de l'accueil des alsaciens-lorrains qui n'ont pas bénéficié en Dordogne du confort dont ils bénéficiaient dans leur région.
  • Couze-et-Saint-Front dans les années 1930
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    Jean Vergnon précise que le confort n'était pas le même entre Couze-et-Saint-Front et Bergerac. Il parle de la vie à Couze dans les années 1930, région relativement riche car industrialisée, où plusieurs nationalités se côtoyaient (Italiens, Espagnols). Il ajoute que le village était électrifié alors que la campagne environnante ne l'était pas.
  • Le club des enfants de France
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    Après la défaite de 1940, il poursuit sa scolarité et se prépare au concours de recrutement de professeurs de gymnastique, au club des enfants de France. Entre les jeunes de ce club, il n'y avait pas de conversations politiques mais des discussions entre sympathisants du général de Gaulle avaient lieu. Toutefois, Pétain recevait l'approbation de la population, encadrée par les prêches du clergé bergeracois. En 1943, il est reçu au concours de recrutement de professeur de gymnastique mais s'engage dans la Résistance. Jean Vergnon ajoute que cet engagement lui sera reproché à la Libération lorsqu'il s'est présenté pour sa formation à Paris.
  • Le commissariat de police et l'entrée en Résistance (1943)
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    Grâce au contact établi lors de ses entrainements de gymnastique, il intègre le commissariat de Bergerac en qualité de personnel civil. Il parle du silence imposée par la méfiance due à la délation, et de la confusion que cela peut engendrer : constatant les rapports étroits entre des policiers et notamment le secrétaire du commissaire, il envisageait que ces derniers étaient collaborateurs. Il apprendra plus tard qu'il s'agissait d'authentiques résistants. Il évoque le cas d'inspecteurs de police qui ont été déportés. Il explique que c'est en discutant avec deux inspecteurs de police originaires d'Alsace qu'il est entré dans la Résistance, en les rejoignant pour former un groupe de trois. En 1943, il rejoint donc le service des cartes d'identité du commissariat de police de Bergerac.
  • L'entrée des troupes d'occupation à Bergerac
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    Jean Vergnon se souvient de l'arrivée des Allemands à Bergerac, et de l'instauration d'un couvre-feu. Il parle des restrictions alimentaires, sévères. Il parle de la collaboration économique qui a permis à certains de s'enrichir. Il apporte des précisions quant aux restrictions, devenues plus sévères en présence de l'occupant, car jusqu'alors, la police française était laxiste. Il évoque le marché noir et la duplicité de certains paysans.
  • Ses activités clandestines au commissariat et son arrestation (juin 1944)
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    Affecté au service des cartes d'identité, il est chargé de produire des faux documents. Puis il évoque les circonstances de son arrestation lors d'une mission le 29 juin 1944 : rendant visite à ses parents, il est arrêté car un tampon était mal imprimé. Conduit devant le commandant d'armes de Bergerac, il a été interrogé, battu et enfermé. Dans la nuit il parvient à s'échapper et rejoindre son groupe. Une cinquantaine d'hommes de troupe Allemands investiront la maison de ses parents pour le rechercher. Il évoque ensuite le sort de son frère aîné requis par le Service du travail obligatoire en Autriche. Il parle de son travail au commissariat de Bergerac et du rôle déterminant d'une secrétaire pour la Résistance. En mars 1944, une note informait le commissariat de l'imminence d'une rafle organisée par l'occupant, et Jean Vergnon a été mis en contact avec un homme de l'Intelligence service qui lui demandait copie de la liste des personnes visées. Grâce à cette secrétaire qui a accepté de glisser une pelure supplémentaire lors de la saisie la liste à la machine à écrire, une copie a pu être subtilisée. Jean Vergnon se souvient que cette rafle visait des Juifs, des Alsaciens-Lorrains, des étrangers et des repris de justice. En ce qui concerne l'établissement des fausses cartes d'identité, les ordres venaient des deux inspecteurs de police avec qui il était en contact. Il parle d'une famille juive réfugiée à Bergerac, pour laquelle il a produit des fausses cartes d'identité. Jean Vergnon qu'il a établi de nombreuses fausses cartes d'identité pour protéger des israélites.
  • Contacts avec Bergeret
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    Jean Vergnon explique avoir été aussi en contact avec Bergeret de l'Armée secrète à Mouleydier. Il précise que c'est le hasard qui la placé dans l'Armée secrète. Il évoque brièvement les combats de Mouleydier.
  • Fausses cartes d'identité, et évocation de policiers déportés
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    Le travail de falsification était risqué car Jean Vergnon pouvait être découvert après un contrôle des enregistrements des numéros de cartes. Il évoque les deux policiers déportés et les commémorations annuelles auxquelles il participe.
  • Sabotages de la poudrerie de Bergerac et renseignements
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    Jean Vergnon évoque les sabotages, auxquels il n'a pas participé, et parle du bombardement précis opéré par les Britanniques. Il précise le mode opératoire. Pour les renseignements qu'il transmettait à la Résistance, il précise que la liste évoquée était la plus grosse opération, et la plus difficile pour lui. Il parle également des lettres de dénonciation retrouvées à la Libération.
  • Les combats de Mouleydiers et la Ribeyrie (juin 1944)
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    Au moment du débarquement allié de juin 1944, il rejoint le corps-franc du groupe de Bergeret. Il participe au combat de Mouleydier le 11 juin 1944 : volontaire pour rétablir le contact avec les troupes d'occupation qui regagnaient Bergerac. En compagnie de Jean Kessler dans Mouleydier il entre dans une maison pour observer la voie ferrée repère des troupes d'occupation, et ouvre le feu. Une grenade a touché son ami Kessler qu'il porte sur environ cinq-cents mètres avant de le remettre à un habitant qui le transportera à un hôpital de campagne à Lamonzie-Montastruc. Jean Vergnon ajoute que Kessler vivra et qu'il apprendra plus tard qu'il s'était installé en Pologne. Ce sauvetage lui vaudra une citation. Puis il participe au combat de la Ribeyrie (commune de Lembras) le 14 juin 1944 : son corps-franc est chargé de se porter à la rencontre d'une colonne ennemie se rendant à Bergerac. Il décrit l'organisation de l'embuscade : avec le commandant Paquette le corps-franc observe, mais sans chemin de repli, l'embuscade est menée plus loin, à la Ribeyrie. L'embuscade est menée avec succès. Jean Vergnon reste seul sur place pour assurer le repli du corps-franc, ce qui lui vaudra une seconde citation.
  • Mouleydier, village stratégique
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    Jean Vergnon explique que les Alliés avaient entretenu la rumeur d'un parachutage de deux divisions, l'une vers Liorac-sur-Louyre et l'autre vers Molières. Jean Vergnon estime que des divisions allemandes ont été maintenues en place pour faire face à cet éventuel parachutage de troupes. La mission du corps-franc auquel appartenait Jean Vergnon était, en cas de parachutage allié, de faire sauter le pont de Mouleydier, ouvrage stratégique à égale distance des deux zones de parachutage.
  • L'accrochage de Pressignac-Vicq
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    À Pressignac-Vicq, les troupes allemandes se dirigeaient vers le château, où son corps-franc se trouvait. Les hommes parviennent à échapper à l'assaut, mais le château sera détruit. En se repliant le corps-franc croise le car en flamme du groupe Cerisier. Après dispersion, le corps-franc se reconstitue au Bugue.
  • La qualité du commandement
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    Jean Vergnon parle des fautes de commandement, dues au manque de compétence militaire et de formation. Le succès du combat de la Ribeyrie est certainement lié à la qualité du commandement exercé par Paquette, un militaire. Il précise que le groupe auquel il appartenait n'avait pas reçu de formation militaire.
  • Les Groupes mobiles de réserve (GMR)
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    Il parle des groupes mobiles de réserve (GMR) dont certains hommes ont rejoint la Résistance à la libération de Bergerac. Il évoque l'arrestation de Mireille par les GMR, le rôle du capitaine Jean des GMR, et les récits de son ami René Hugonnot. L'intégration de certains hommes des GMR dans la Résistance n'a pas créé de fortes tensions précise-t-il.
  • Équipement et encadrement de la Résistance, le groupe François Ier
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    Jean Vergnon explique que les résistants n'étaient pas correctement armés, jusque sur le front de l'Atlantique. Devant La Rochelle, il a fait des prisonniers Allemands. Puis il est en Algérie après les troubles de Sétif. En synthèse, Jean Vergnon indique que l'armement était obsolète au maquis. Il évoque la figure de Marceau Feyry, chef du groupe François Ier, très estimé, mais qui n'était pas un militaire. Il précise enfin qu'à la libération de Bergerac il est intégré au groupe François Ier.
  • Au corps-franc du maquis Bergeret
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    Après le débarquement, Jean Vergnon devient clandestin et quitte son emploi au commissariat de Bergerac. Mais il explique qu'avant cela, il était assez libre en qualité de résistant légal : il se déplaçait la nuit pour transporter des armes. Il rejoint Bergeret dont le camp est installé au bois de Gaffan (commune de Saint-Sauveur). Il parle de l'organisation du maquis, équipé d'une cantine roulante. À Cours-de-Pile, il a saisi l'équipement des Chantiers de jeunesse (habillement, chaussures). La tenue verte des Chantiers de jeunesse provoquera des confusions dans les opérations précise-t-il. Le maquis de Bergeret se déplaçait fréquemment, et les hommes dormaient sans être abrités. Il précise que leurs mouvements étaient suivis par un avion d'observation allemand. Pour le ravitaillement, le groupe émettait des bons de réquisition auprès de la population rurale. Il évoque la délation dans la région de Liorac-sur-Louyre. Bien qu'étant sans formation militaire, il choisit d'intégrer le corps-franc, pour rester avec ses amis alsaciens et par conviction antinazie.
  • Maurice Loupias dit Bergeret
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    Jean Vergnon précise qu'il ne voyait Bergeret que très peu, car traqué. Au maquis, il le côtoyait sans savoir qu'il était le chef.
  • La libération de Bergerac et le souvenir douloureux de la tonte des femmes
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    Jean Vergnon était en mission dans Bergerac au moment de l'investissement de la ville par la Résistance. Il précise que les troupes d'occupation avaient quitté la ville et qu'il n'y a pas eu de combat. Il parle des néo-résistants, de la grande fête et évoque l'arrestation de collaborateurs qui furent libérés rapidement. Il parle de la tonte des femmes, et évoque ces scènes choquantes menées par des néo-résistants. Il ajoute que celles-ci étaient accusées principalement de "collaboration horizontale".
  • Sur le front de l'Atlantique (La Rochelle)
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    Jean Vergnon est versé au 26e régiment d'infanterie qui devient le 13e régiment d'infanterie. Il parle d'un régiment en guenilles. En septembre 1944 il signe un engagement pour la durée de la guerre. Nommé sergent, sans formation militaire il a continué à mener ses actions de la même manière que dans la Résistance. Le groupe François Ier comptait environ deux-cents hommes au moment de se diriger à Royan. Il évoque l'arrestation d'un châtelain que la population locale accusait de collaboration. Il parle des activités quotidiennes faites de patrouilles pour l'essentiel : il précise que les combats sont pour l'essentiel des accrochages entre les patrouilles. Il parle de la faible qualité de l'armement et de l'encadrement. Il parle du combat de La Rochelle le 30 avril 1945.
  • L'Algérie et la démobilisation
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    Après la libération de La Rochelle en mai 1945, il quitte la France depuis l'aérodrome de Cognac pour Alger. Il précise qu'il n'y avait aucune action militaire en Algérie : il allait à la pêche, à la chasse et faisait beaucoup de sport. Dans les grandes fermes des colons, il a constaté l'exploitation des pieds-noirs. Il demande au colonel Mingasson à être démobilisé, et regagne la France en septembre 1945.
  • Retour à la vie civile et difficulté de témoigner
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    Il suit sa formation de professeur d'éducation physique à Paris, après un incident lors de son intégration (on lui reproche de s'être engagé dans la Résistance). Reçu à la troisième place, il choisit son poste à Bergerac où il terminera sa carrière. Il précise n'avoir jamais parlé de la Résistance jusqu'à sa retraite, y compris à sa fille. Il explique ce silence par le manque de considération accordé aux résistants, et le retour des collaborateurs. Mais aujourd'hui il témoigne dans les établissements scolaires, en compagnie d'Irène Sapir. Jean Vergnon évoque aussi les tensions politiques entre résistants dans l'après-guerre.
  • Souvenirs d'une mission sur le front de l'Atlantique
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    Jean Vergnon fait le récit de la surveillance d'une opération allemande entre Royan et La Rochelle : informée d'une possible offensive les hommes se replient, mais Jean Vergnon reste avec un camarade pour informer de l'avancée de l'ennemie. L'offensive n'ayant pas eu lieu, il ajoute avec humour que cela lui a épargné une marche forcée de quarante kilomètres.
  • Condition physique au maquis
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    Jean Vergnon précise que sa bonne condition physique a été un facteur déterminant dans la Résistance.