Alors âgé de quatorze ans il se souvient de la déclaration de la guerre de 1939, et des affiches de la mobilisation générale placardées dans la commune. Mais il se souvient davantage de la débâcle de juin 1940, du passage incessant de véhicules sur la route nationale 21, et de la confiance de la population en l’action du Maréchal Pétain. Il se souvient des tracts de Raymond Guyot, (responsable des Jeunesses communistes avant guerre, Raymond Guyot était un dirigeant du Parti communiste français) qui faisaient état d’un appel du général de Gaulle.
Un voisin de la famille Mazière, monsieur Puyrigaud, confiait des tâches clandestines à Jeantin : membre du Parti communiste avant la guerre, cachait ses activités de propagande à sa propre famille et pouvait cependant échapper à la surveillance des autorités grâce à Jeantin Mazière. En effet, l’adolescent discret n’était ni surveillé, ni suspecté : compte tenu de son âge il n’a pas été requis par les Chantiers de jeunesse et le Service du travail obligatoire (STO). Son rôle consistait alors à taper des tracts à la machine puis les cacher chez lui. Il est à noter que monsieur Puyrigaud est le père de Michèle Puyrigaud, épouse de Roger Ranoux.
Il entre dans la Résistance en 1942 par l’entremise de Jacques Brachet, membre du réseau Buckmaster, et entraîneur de son équipe de football à Saint-Jory-de-Chalais. Il entre dans les groupes FTPF et assiste au printemps 1944 à un parachutage. Chargé d’avertir les maquis il décrit comment il parvient seul à extraire les containers cachés dans des haies au lieu dit Douyeras, alors que des sentinelles allemandes se trouvaient à proximité. Au début de 1944 il a participé au sabotage de la station de pompage des eaux de Feuyas (commune de Thiviers) avec l’aide d’un ouvrier de carrière fournissant la dynamite. L’objectif était de priver les trains de leur force motrice en interrompant l’alimentation en eau, empêchant la production de vapeur. Puis il décrit son rôle d’agent de liaison chargé d’informer les groupes à bicyclette. Il évoque également le rôle de Maurice Ouzeau dans la Résistance, l’installation d’un premier maquis dans la région constitué de trois jeunes gens (dont Ouzeau). Il décrit la faiblesse de l’armement des groupes, et l’utilisation de fusils de chasse.
À la Libération, il se rend à Angoulême où il réussit à saisir et ramener en Dordogne des armes abandonnées par les troupes d’occupation.
Avec la brigade Demorny il est intégré au 108e Régiment d’infanterie FFI qui s’engage sur le front de l’Atlantique, puis dans l’est de la France. Jeantin Mazière participe à l’occupation de l’Allemagne où il garde des prisonniers.
Après sa démobilisation fin octobre 1945, il retrouve la ferme familiale et devient exploitant agricole jusqu’en 1983.