Il part en Autriche où il travaille à la construction de moteurs d’avions dans les faubourgs de Vienne (Autriche) pour la « Flug Motor ». Après plusieurs bombardements, la fabrication est déplacée en Slovaquie à l’usine Skoda de Dubnica nad Váhom (région de Trenčín, nord-ouest de la Slovaquie) dans un site souterrain. Pierre Ciana fabrique des pièces en aluminium, usinées avec précision. Toutefois, c’est avec peu de zèle que lui et ses camarades ajustent ces pièces : ils mettent peu d’entrain à la fabrication, et essaient de ralentir les rendements. C’est ainsi qu’il s’entraînera à fabriquer des pièces pour son compte (miniatures d’avions, figurines qu’il a conservées).
Le 29 août 1944, l’insurrection nationale slovaque est proclamée par le général Golian de l’armée tchécoslovaque. Des Français rejoignent la Résistance slovaque, sous l’encadrement de deux officiers Français (les lieutenants de Lannurien et de la Roncière). En septembre 1944, un groupe de jeunes STO évadés de l’usine de Dubnica renforce cette compagnie française. Pierre Ciana fait partie d’un deuxième groupe d’évadés qui ne parvient pas à les rejoindre. Certains regagnent l’usine, d’autres se dispersent dans les Tatras (montagnes Slovaques) : il reste avec un groupe de trois Français dont Marcel Dutreuil. Ils recherchent des groupes de Résistance durant un ou deux jours de marche dans le massif des Tatras. Ils sont alors recueillis par un Résistant qui les conduit au camp Popov, capitaine Russe. Établi en pleine montagne ce camp est composé d’hommes mais aussi de femmes combattantes encadrés par des officiers Soviétiques. Les conditions de vie y sont dures car les Résistants vivent en forêt, sans abri. Pierre Ciana participe aux combats livrés par ce groupe dont les actions sont de la même nature que les opérations de guérilla menées en France au même moment (attaques, sabotages notamment). Le camp subit un assaut allemand avant d’être évacué, puis repris par les partisans.
Pierre Ciana souligne que la population slovaque lui a fourni un appui précieux, ainsi qu’aux groupes de Résistance.
À l’arrivée de l’Armée rouge Pierre Ciana subit un interrogatoire serré par les autorités russes, avant de rejoindre Neu Sandez (Nowy Sącz en Polonais, région de Cracovie), un camp de transit. Puis les hommes sont transportés en wagons à bestiaux vers Odessa sur la mer Noire. En effet, des navires américains livraient du matériel aux soviétiques puis embarquaient des hommes pour Marseille. Or, à l’arrivée à Odessa les livraisons maritimes étaient suspendues en raison des prémices de la guerre froide : Pierre Ciana reprend le chemin inverse, puis arrive à Berlin. Remis aux autorités britanniques il est ensuite rapatrié en France.
À son retour à Périgueux, il reprend ses études et intègre l’école normale d’instituteurs puis devient enseignant.