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Un Français dans la Résistance slovaque (1) - Pierre Ciana

Le témoignage

Pierre Ciana - Témoignage intégral
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Pierre Ciana est né en mai 1922 à Périgueux, d’une mère commerçante et d’un père électricien. Au moment de la déclaration de la guerre il fait ses études à l’école professionnelle à Périgueux, et n’a pas de contact particulier avec la Résistance locale. Il poursuit sa vie scolaire jusqu’en novembre 1942 où il est requis par les Chantiers de jeunesse, au centre régional de Toulouse. En juin 1943 la police française met l’ensemble des jeunes de ce camp à disposition des autorités d’occupation pour le Service du travail obligatoire (STO).
Il part en Autriche où il travaille à la construction de moteurs d’avions dans les faubourgs de Vienne (Autriche) pour la « Flug Motor ». Après plusieurs bombardements, la fabrication est déplacée en Slovaquie à l’usine Skoda de Dubnica nad Váhom (région de Trenčín, nord-ouest de la Slovaquie) dans un site souterrain. Pierre Ciana fabrique des pièces en aluminium, usinées avec précision. Toutefois, c’est avec peu de zèle que lui et ses camarades ajustent ces pièces : ils mettent peu d’entrain à la fabrication, et essaient de ralentir les rendements. C’est ainsi qu’il s’entraînera à fabriquer des pièces pour son compte (miniatures d’avions, figurines qu’il a conservées).
Le 29 août 1944, l’insurrection nationale slovaque est proclamée par le général Golian de l’armée tchécoslovaque. Des Français rejoignent la Résistance slovaque, sous l’encadrement de deux officiers Français (les lieutenants de Lannurien et de la Roncière). En septembre 1944, un groupe de jeunes STO évadés de l’usine de Dubnica renforce cette compagnie française. Pierre Ciana fait partie d’un deuxième groupe d’évadés qui ne parvient pas à les rejoindre. Certains regagnent l’usine, d’autres se dispersent dans les Tatras (montagnes Slovaques) : il reste avec un groupe de trois Français dont Marcel Dutreuil. Ils recherchent des groupes de Résistance durant un ou deux jours de marche dans le massif des Tatras. Ils sont alors recueillis par un Résistant qui les conduit au camp Popov, capitaine Russe. Établi en pleine montagne ce camp est composé d’hommes mais aussi de femmes combattantes encadrés par des officiers Soviétiques. Les conditions de vie y sont dures car les Résistants vivent en forêt, sans abri. Pierre Ciana participe aux combats livrés par ce groupe dont les actions sont de la même nature que les opérations de guérilla menées en France au même moment (attaques, sabotages notamment). Le camp subit un assaut allemand avant d’être évacué, puis repris par les partisans.
Pierre Ciana souligne que la population slovaque lui a fourni un appui précieux, ainsi qu’aux groupes de Résistance.
À l’arrivée de l’Armée rouge Pierre Ciana subit un interrogatoire serré par les autorités russes, avant de rejoindre Neu Sandez (Nowy Sącz en Polonais, région de Cracovie), un camp de transit. Puis les hommes sont transportés en wagons à bestiaux vers Odessa sur la mer Noire. En effet, des navires américains livraient du matériel aux soviétiques puis embarquaient des hommes pour Marseille. Or, à l’arrivée à Odessa les livraisons maritimes étaient suspendues en raison des prémices de la guerre froide : Pierre Ciana reprend le chemin inverse, puis arrive à Berlin. Remis aux autorités britanniques il est ensuite rapatrié en France.
À son retour à Périgueux, il reprend ses études et intègre l’école normale d’instituteurs puis devient enseignant.
  • Témoin(s) :
    Ciana Pierre En savoir plus

    Pierre Ciana est né en 1922 à Périgueux. À la déclaration de guerre il est à l'école professionnelle de Périgueux, jusqu'en 1942 où il est requis par les Chantiers de jeunesse. En 1943, les jeunes de ce chantier sont remis aux autorités d'occupation pour le service du travail obligatoire (STO). À Vienne (Autriche) il travaille pour l'industrie de l'aviation, avant d'être transféré dans une usine souterraine de Tchécoslovaquie. Il s'évade en septembre 1944 pour rejoindre la Résistance slovaque, dirigée par des officiers soviétiques. Il participe aux opérations de guérilla, puis est transféré dans un camp de transit en Pologne, avant de traverser l'Europe pour Odessa. Finalement remis aux autorités britanniques à Berlin, il regagne la France.

  • Description :

    Entretien réalisé le 23 avril 2009 à Mareuil-sur-Belle. Durée : 56 min 22 s

  • Sujet(s) :
    Armée rouge (URSS), Avion, Chantier de la jeunesse, Clandestinité, Déporté, Maquis, Parachutage, Population rurale, Réquisition, Sabotage, Service du travail obligatoire (STO), Skoda (usine), Stefanik, Brigade
  • Lieu(x) :
    Berlin (Allemagne), Dubnica nad Váhom (Slovaquie), Neu Sandez (Pologne), Odessa (ukraine), Toulouse (Haute-Garonne), Vienne (Autriche)
  • Evénement(s) :
    Libération (1944-1945), Guerre froide (1945-1989)
  • Personne(s) citée(s) :
    Dutreuil Marcel, Gressely (inconnu), La Roncière, de (lieutenant), Lannurien, de Georges (lieutenant), Popov (colonel)
  • Cote :
    14 AV 19

Photos

Toutes les pistes audio de ce témoignage

  • Présentation
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    Pierre Ciana parle de ses études à l'école professionnelle de Périgueux et de la profession de ses parents.
  • Son parcours synthétisé
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    Il se souvient de la déclaration de guerre, puis des Chantiers de jeunesse à Toulouse. Il parle de la réquisition au sein des Chantiers de jeunesse pour le Service du travail obligatoire en Autriche. Il est ensuite transféré de la Flugmotorenwerke de Vienne à l'usine souterraine Skoda de Dubnica nad Váhom en Tchécoslovaquie. Il parle de son évasion et la Résistance dans un maquis slovaque.
  • Avant la guerre
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    Il présente son parcours avant son incorporation dans les Chantiers de jeunesse.
  • La formation de groupes de résistants français en Slovaquie
    En savoir plus
    Pierre Ciana rappelle que des Français ont participé à l'insurrection nationale slovaque avec les lieutenants de Lannurien et de la Roncière au sein de la brigade Stefanik. La contribution des Français évadés du STO, les missions de la section du lieutenant Gressely et les difficultés de l'hiver 1944 pour les Français.
  • Le groupe d'évadés de l'usine Skoda
    En savoir plus
    Pierre Ciana fait partie d'un groupe qui s'évade de l'usine Skoda, mais ils ne ne parviennent pas à rejoindre les autres Français en fuite. Trois hommes du groupe de Pierre Ciana prennent contact avec les partisans russes du capitaine Popov.
  • L'usine Flugmotorenwerke à Vienne et Dubnica nad Váhom (Slovaquie)
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    Pierre Ciana décrit son travail à l'usine Flugmotorenwerke de Vienne, puis à Dubnica nad Váhom. Il décrit la fabrication de pièces de moteurs d'avions, les conditions de travail et l'alimentation. Il précise que des déportés politiques travaillaient à leurs cotés. Il décrit également le sabotage discret des pièces, ainsi qu'une certaine forme de liberté. Il évoque la correspondance avec ses parents et les codes pour les informer de sa situation. Les bonnes relations avec la population slovaque.
  • Le maquis du capitaine Popov
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    Pierre Ciana parle de la prise de contact avec les partisans russes et du soutien de la population. Il livre des informations quant à la constitution du groupe Popov (différentes nationalités), l'âpreté des conditions de vie dans la neige, la qualité de l'armement, le ravitaillement et la vie quotidienne. Puis il décrit les parachutages soviétiques.
  • La rencontre avec l'Armée soviétique
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    Il résume son parcours après la jonction avec l'armée soviétique.
  • Activités militaires et encadrement des partisans du groupe Popov
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    Pierre Ciana fait le récit d'une embuscade, présente le type d'actions menées (sabotages, embuscades) et l'encadrement par des officiers de l'Armée rouge.
  • Une troupe ennemie capturée
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    Récit d'une garde mouvementée du camp par Pierre Ciana : un régiment de musique ennemi est capturé.
  • Le camp Popov attaqué
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    Récit de l'attaque du camp Popov par les troupes allemandes. Le repli du camp.
  • Contact avec l'armée soviétique et transfert
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    Après la rencontre avec les troupes soviétiques, le groupe Popov poursuit sa mission derrière les lignes ennemies. Les trois Français sont en ravanche confiés à l'armée Rouge, et sont interrogés avant d'âtre transférés à Neu Sandez en Pologne.
  • Parcours à travers l'Europe centrale
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    Pierre Ciana traverse l'Europe de la Pologne jusqu'à Odessa sur la mer Noire afin d'être raptrié par des navires américains. Les convois maritimes sont interrompus et il est alors dirigé vers Berlin. Il décrit les conditions du transport ferroviaire.
  • Retour à Périgueux
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    Il retrouve sa famille à Périgueux et décrit son état de santé. Il s'engage dans l'éducation nationale et devient instituteur.
  • La mémoire des Résistants français en Slovaquie
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    Pierre Ciana parle de ses contacts avec les anciens résistants français de Slovaquie. L'action du général de Gaulle en leur faveur. Évocation de la mémoire de ces combattants, et précisions concernant le groupe d'évadés.