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Yves Colin, né en 1922, était lycéen à Périgueux au moment de la déclaration de la guerre, alors que son père y était enseignant. Il s’engage en 1940 dans l’armée française, puis est mis en congés d’armistice en 1942. Il tirera partie de la formation reçue à l’armée dans la Résistance, notamment pour le maniement des armes, le sabotage et le camouflage. Requis pour le Service du travail Obligatoire (STO) en 1943, il recherche des faux papiers afin de s’y soustraire. Il apprend qu’un nommé Goldman serait en mesure de lui fabriquer une fausse pièce d’identité : Yves Colin rencontre alors Mojzesz Goldman, dit « Mireille » dans la clandestinité. Sur ses conseils, il rejoint un groupe de réfractaires, pas assez nombreux pour former un maquis. Il est alors placé dans une ferme, jusqu’en septembre 1943 où le groupe est envoyé à Cendrieux, dans la forêt de Durestal. Goldman a choisi les lieux sur les conseils de Pierre Larrue instituteur et chasseur de sangliers. Yves Colin décrit le site qu’il découvre : il s’agit d’une forêt occupée par des cabanes de feuillardiers (travailleurs du bois et du châtaigner en particulier). Quelques cabanes en feuillard sont installées et permettent l’accueil du groupe. Yves Colin (dit « Roland ») décrit ces cabanes en bois de châtaigner, recouvertes d’écorces, et dont le sol a été aplani. Eloigné des voies de communication, le site est protégé. Peu à peu de nouvelles cabanes sont construites à mesure des arrivées de réfractaires. Le camp s’organise autour d’un poste de commandement, d’une armurerie, d’une cuisine et d’une prison. Une discipline quasi militaire est assurée : appel tous les matins, gardes. Des sentinelles veillent jour et nuit à la sécurité du camp : trois « points de chute » gardés assurent l’entrée du camp. Jacques Bramson, le second de Goldman, est présent fréquemment et assure le commandement. Le ravitaillement est assuré par la population qui soutient le maquis. Divers métiers sont représentés : un cuisinier (René Delbousquet), un armurier qui parvient à entretenir et réparer les quelques armes du camp, un mécanicien (le camp dispose de trois véhicules). Constituée d’un toit et entourée de fils barbelés, la prison a notamment reçu une personne arrêtée alors qu’on annonçait la présence de Darlan au mariage de sa fille.
Dans l’automne 1943, Yves Colin est désigné pour se rendre à l’école des cadres de Pelvézy (commune de Saint-Geniès). Encadrée par des militaires de carrière, le petit groupe d’hommes y apprend l’utilisation des diverses armes et le sabotage.
Yves Colin aura pour fonction l’instruction au maniement d’armes dans le maquis. Fin octobre 1943, le camp est visé par les Gardes Mobiles de Réserve (GMR), qui cèdent devant les négociations de Bramson, à la condition que le camp de Durestal soit évacué. Les maquisards quittent Durestal pour le Tauriac (région de Neuvic), puis au Maine-du-Puy (Saint-Vincent-de-Connezac), attaqué avec succès par les GMR en décembre 1943.
Arrêté, Yves Colin est emprisonné à la prison de Belleyme, à Périgueux. Transféré à Limoges en janvier 1944, il est condamné à cinq ans de prison. Il est ensuite transféré à la centrale d’Eysses (Villeneuve-sur-Lot), aux dures conditions de détention. Il participe au soulèvement du 19 février 1944 (prise d’otage du directeur) qui échouera : douze prisonniers seront fusillés pour l’exemple.
Fin mai 1944, Yves Colin fait partie des détenus qui sont déportés par des SS de la division « Das Reich » dit-il. Il est envoyé à Compiègne, puis Dachau. Il décrit les conditions du voyage dans le wagon, et livre quelques éléments sur le camp où il ne reste qu’une quinzaine de jours. Il quitte Dachau pour un « kommando » à Landesberg où il travaille au terrassement de pistes d’aviation, surveillé par des soldats Allemands, anciens combattants de la Première guerre mondiale. Devant l’avancée Alliée, le camp est évacué lors d’une marche forcée durant laquelle Yves Colin entend les coups de feu destinés aux retardataires. Les déportés seront libérés par les Américains, puis envoyés dans la région du lac de Constance. Yves Colin regagne Périgueux en juin 1945.
Il retrouve aussitôt la vie active et apprend le métier d’horticulteur.