[Aller au menu]

Tous les témoignages recueillis ne figurent pas encore sur le site, qui est mis à jour régulièrement

Résistance AS en Sarladais - Roland Thouron

Le témoignage

Roland Thouron - Témoignage intégral
En savoir plus
Roland Thouron est né en 1921 à Veyrignac (canton de Carlux) dans une famille d’agriculteurs.
En 1939, il est au lycée de Sarlat et après avoir échoué au baccalauréat regagne la ferme familiale pour aider son père aux travaux agricoles. Son père, ancien combattant de la Première guerre mondiale est un élu du front populaire : il devient maire de Veyrignac en 1936. La défaite militaire française de 1940 a été pour lui une désillusion et une surprise. Roland Thouron se souvient avoir vu des soldats français en déroute dans la commune de Veyrignac.
À l’été 1941, Roland Thouron et des jeunes de son âge s’opposent publiquement à des personnes soutenant le régime de Vichy : ils expriment leur désaccord à la politique du Maréchal Pétain (consulter le volet Ressources documentaires, Résistances au quotidien : Chants séditieux à Groléjac). Au mois de novembre 1941, Roland Thouron part dans les Chantiers de la jeunesse dans les Pyrénées, comme beaucoup de jeunes de sa génération. Dès les premiers jours, on l’informe qu’il est « repéré » et on lui conseille de se méfier. Puis les gendarmes le reconduisent à Périgueux où il est jugé devant un tribunal militaire pour les propos tenus à l’été 1941 : il est condamné à quinze jours de prison avec sursis pour « propos de nature à nuire au moral de l’armée et de la population civile, et chants séditieux ». Il regagne les Chantiers de la jeunesse qu’il quitte en juin 1942.
À son retour à Veyrignac il reprend le travail de la ferme et aide son père à l’organisation de foyers de résistance et d’opposition au régime de Vichy. En 1943 il ravitaille un camp de clandestins à Turnac, sur les rives de la Dordogne. Au mois d’octobre de la même année, son père organise une réunion clandestine sous l’impulsion de Lucien Badaroux (dit « Alberte »). C’est à la suite de cette rencontre qu’un parachutage est organisé en octobre 1943 sur la commune de Sainte-Nathalène. Roland Thouron assiste à ce parachutage et décrit son organisation : mobilisation en dernière minute de camions et personnels, et balisage de la piste par des feux de branchages. Le chargement composé de mitraillettes « Sten », de munitions, d’explosifs et grenades est dirigé vers une cache repéré quelques jours auparavant, dans une grotte du lieu-dit la Tourette, commune de Saint-Julien-de-Lampon. Roland Thouron fait état d’une déconvenue surprenante quelques jours plus tard, alors qu’il vient retirer du matériel dans cette cache : l’endroit est vide. Après avoir informé Lucien Badaroux il s’avère qu’un groupe de maquisards du Lot s’est emparé de l’ensemble du matériel. Après négociation, le produit du parachutage est remis mais le transport est effectué de jour, alors qu’un barrage de Gardes mobiles de réserve (GMR) est sur le parcours. Badaroux négocie et au passage des véhicules les GMR se sont retirés. Roland Thouron participera également à deux autres parachutages.
Le 7 juin 1944, au lendemain du débarquement, le père de Roland Thouron organise un rassemblement de jeunes prêts à s’engager dans le maquis : ils seront environ 150 à se retrouver. Quelques jours sont nécessaires à l’organisation du groupe de l’Armée secrète « Bernard », du nom de guerre de son chef, le docteur Auerbach, médecin juif. Roland Thouron s’engage volontairement dans ce groupe : en effet, dans la mesure où il n’était pas requis pour le Service du travail obligatoire (STO) il n’a pas été dans la clandestinité. Étant un des rares hommes à avoir le permis de conduire, il est le chauffeur de trois officiers parachutés pour assister et organiser la Résistance (deux Américains et un Français). Il décrit les évènements de 8 juin 1944 à Rouffillac-de-Carlux, où un accrochage entre une colonne allemande et la Résistance fait plusieurs morts parmi les maquisards mais aussi la population civile. Il décrit aussi l’assaut sans succès mené par l’occupant sur le château de Veyrignac où étaient installés les officiers Alliés.
Le groupe « Bernard » est installé dans une forêt de Veyrignac, au lieu-dit les Imbards. Roland Thouron décrit l’organisation du camp loin de toute fontaine afin d’échapper aux recherches de l’occupant ou des forces de police : son père qui ravitaille les hommes avec une citerne. Le camp est équipé de tentes, d’une cuisine et des gardes sont organisées. La population environnante assure le ravitaillement.
Chef de patrouille, Roland Thouron est chargé d’assurer la sécurité des sabotages de la voie ferrée Toulouse-Paris. Du 8 juin au 12 juillet 1944, il indique qu’aucun convoi ferroviaire n’a pu utiliser cette ligne. Cependant, devant les réparations rapides des voies, son équipe décide de saboter des wagons dans un tunnel afin de gêner les manœuvres de grues.
Le groupe « Bernard » participe à la libération de Bergerac, puis est envoyé sur le front à Royan. Roland Thouron y reste un mois environ, participe à des patrouilles et connaît quelques accrochages. Il ne signe pas d’engagement dans l’armée française pour la durée de la guerre et rejoint Veyrignac en décembre 1944.
Il reprend l’activité agricole de la ferme et deviendra marchand de bestiaux, profession qu’il a occupé jusqu’à sa retraite.

Nota :
Le parachutage d’officiers dont parle Roland Thouron est une opération Jedburgh. Il s’agit de l’équipe Ammonia, composée des capitaine Austin et Lecompte, et du sergent Berlin. Elle a été parachutée dans la nuit du 10 au 11 juin 1944 dans la région de Sainte-Nathalène. Jedburg est le nom d’une opération alliée qui avait pour objectif de coordonner les actions militaires après le débarquement du 6 juin 1944.
Voir le dossier documentaire thématique « Une mission Jedburgh : Ammonia ».
  • Témoin(s) :
    Thouron Roland En savoir plus

    Roland Thouron est né en 1921 dans une famille d'agriculteurs. Lycéen à la déclaration de guerre en 1939, il rejoint la ferme familiale. À l'été 1941, il tient publiquement des propos contre le régime de Vichy, ce qui lui vaudra une condamnation à quinze jours de prison avec sursis (consulter le volet Ressources documentaires, Résistances au quotidien : Chants séditieux à Groléjac). Il est requis par les Chantiers de jeunesse en 1941 et à son retour en 1942, il participe avec son père à l'organisation de mouvements de Résistance, et à des parachutages. Après le débarquement des alliés le 6 juin 1944, il s'engage dans le groupe Bernard de l'Armée secrète (AS) et participe à de nombreuses missions, dont le sabotage de la voie ferrée Toulouse-Paris. Sur le front de l'Atlantique, il ne signe pas d'engagement et reprend les activités agricoles de la ferme familiale en décembre 1944.

  • Description :

    Entretien réalisé le 6 avril 2009 à Sainte-Mondane. Durée : 1 h 21 min 00 s

  • Sujet(s) :
    Acte d'opposition, Autorité d'occupation, Bernard, groupe (Armée secrète), Chantier de la jeunesse, Équipement matériel, Forces alliées, Maquis, Parachutage, Population rurale, Propos subversif, Sabotage
  • Lieu(x) :
    Bergerac, Carlux, Cazoulès, Groléjac, Imbards, les (commune de Groléjac), Poches de l'Atlantique, Rouffillac-de-Carlux, Royan (Charente-Maritime), Saint-Julien-de-Lampon, Sainte-Nathalène, Veyrignac
  • Evénement(s) :
    Libération (1944-1945)
  • Personne(s) citée(s) :
    Auerbach Bezalel (dit Bernard), Austin Benton (dit Gaspard), Badaroux Lucien (dit Alberte), Berlin Jacob (dit Martial), Conte Raymond (dit Ludovic), Dubois Lucien
  • Cote :
    14 AV 16-17

Photos

Toutes les pistes audio de ce témoignage

  • Présentation
    En savoir plus
    Roland Thouron se présente et parle de sa famille, originaire de Veyrignac. Il évoque ses études à Sarlat, et les responsabilités politiques de son père.
  • La défaite de juin 1940
    En savoir plus
    Roland Thouron se souvient de la déroute de l'armée française et de sa défaite. Il évoque l'appel du 18 juin et les prémices de rébellions par refus de la défaite.
  • Des propos séditieux
    En savoir plus
    Roland Thouron prend part à une discussion animée à Groléjac le 14 juillet 1941. En compagnie de ses amis, il exprime publiquement son désaccord avec la politique de collaboration du maréchal Pétain. Des personnes qui ont entendu la conversation la signalent aux autorités et une enquête de gendarmerie est diligentée. Roland Thouron est convoqué pour les Chantiers de jeunesse le 2 novembre 1941, mais il est présenté devant le tribunal militaire de Périgueux pour ses propos.
    Pour en savoir plus, consulter dans le volet Ressources documentaires le thème Résistances au quotidien : Chants séditieux à Groléjac.
  • L'organisation de la Résistance en 1943 à son retour des Chantiers de jeunesse
    En savoir plus
    Roland Thouron parle de l'organisation de la Résistance dans la région de Veyrignac à son retour des Chantiers de jeunesse en 1943. Lucien Badaroux et son père en sont les initiateurs. Il devient chef de sixaine et décrit une réunion préparatoire à un parachutage d'armes qui se produit fin 1943 à Sainte-Nathalène. Il évoque le rôle de Lucien Dubois.
  • Organisation du parachutage de Sainte-Nathalène (1943)
    En savoir plus
    Roland Thouron décrit la logistique, la mise en place des contacts, la procédure d'évacuation des parachutages et leur répartition. Il explique la préparation du terrain de parachutage et les signaux mis en place. Puis il précise qu'il y a eu des tentatives d'interception de parachutages par d'autres maquis qui allumaient des feux trompeurs. Il parle ensuite du camouflage du parachutage de Sainte-Nathalène et décrit contenu. Il explique comment ce parachutage a disparu puis réapparu : il s'agissait d'un vol par un autre maquis.
  • Les armes : insuffisance et emploi
    En savoir plus
    Il parle des vols d'armes entre maquis et du sous-équipement général. Il parle également de l'instruction au maniement des armes et de l'imprudence de certains résistants en ce domaine.
  • Parachutage de Sainte-Nathalène : récupération, transport et camouflage
    En savoir plus
    La recherche des auteurs du vol du parachutage et la récupération de celui-ci. Récit de la négociation avec les hommes des Groupes mobiles de réserve (GMR) pour laisser passer le camion transportant les armes, puis de l'aide de la population de Veyrignac pour les dissimuler.
  • Le docteur Auerbach, chef de maquis
    En savoir plus
    Roland Thouron parle du rôle du docteur Auerbach, chef du groupe Bernard de l'Armée secrète (AS).
  • Organisation après le 6 juin 1944
    En savoir plus
    L'action de résistant légal d'André Thouron et la création du groupe Bernard après le 6 juin 1944 (150 jeunes répondent à l'appel de la Résistance).
  • Actions de sabotage sur le réseau ferré
    En savoir plus
    Récit du dynamitage de la voie ferrée Toulouse-Paris, et du rôle de Roland Thouron : il est chargé d'assurer la sécurité des saboteurs avec sa patrouille, qui fait un prisonnier Allemand.
  • Rouffillac-de-Carlux, 8 juin 1944
    En savoir plus
    Le 8 juin 1944 un accrochage entre le maquis et les troupes d'occupation à lieu à Rouffillac-de-Carlux (commune de Carlux). Roland Thouron fait le récit de cette journée alors qu'il circule en voiture dans le secteur.
  • La mission Ammonia (Jedburgh)
    En savoir plus
    Roland Thouron parle des officiers alliés parachutés en juin 1944 (Austin, Berlin et Lecompte), de leur mission et de son rôle à leurs côtés. L'attaque du château de Veyrignac où est installé le poste de commandement de ces officiers.
  • Sabotage ferroviaire sur la ligne Toulouse-Paris
    En savoir plus
    Récit du dynamitage de wagons dans un tunnel, et du basculement de deux locomotives sur la voie. Roland Thouron explique l'objectif stratégique du sabotage ferroviaire, et le danger encouru par la population lors de ces opérations.
  • Interception d'un train à Cazoulès
    En savoir plus
    Du blé transporté dans les wagons est saisi et déchargé avant d'être remis à un minotier, pour le bénéfice de la population et de la Résistance. Du matériel automobile saisi lors de la même opération est également distribué.
  • Le maquis des Imbards : site, organisation et quotidien
    En savoir plus
    Description des lieux et de son organisation. La vie quotidienne dans ce maquis (couchage, ravitaillement) et le rôle de la population rurale. L'organisation de la surveillance du camp.
  • Combats de la Libération
    En savoir plus
    Roland Thouron évoque brièvement la libération de Bergerac, puis le front de l'Atlantique à Royan. Puis il parle de son retour à la vie civile.