Son père, trop jeune pour avoir combattu lors de la Première guerre mondiale a été mobilisé en 1940. Prisonnier, il a rejoint sa famille à l’été 1942. À Ajat, la défaite de juin 1940 a été pressentie avant l’armistice par l’arrivée de soldats de l’Armée française en déroute. De plus, les réfugiés alsaciens de Strasbourg ont été accueillis dans la commune d’Ajat et dans tout le canton.
En 1941 les mouvements de Résistance ne sont pas structurés : le gouvernement de Vichy organise le sentiment d’un retour à la normale. L’autorisation de la chasse, suspendue depuis le début de la guerre, donne le sentiment d’un retour à la liberté. En effet, dans les campagnes l’interdiction de la chasse a été très mal vécue. L’idéologie du Pétainisme (le retour à la terre, le travail, la famille, la patrie) trouve un certain écho dans un premier temps. L’invasion de la zone sud le 11 novembre 1942 et l’arrivée de soldats allemands mettent en émoi la population, ce qui bouleverse la situation : l’idéologie pétainiste et sa propagande n’ont plus le même effet. Puis la confiscation des armes de chasse après l’invasion de la zone libre a produit une forte réticence dans la population rurale : les fusils sont cachés et de vielles armes sont livrées. Selon Martial Faucon c’est un certain esprit de Résistance qui se manifeste. Ces armes dissimulées ressortiront avec l’essor de la Résistance : face à la pénurie de matériel certains utiliseront les fusils de chasse, ou les fusils « Mauser » conservés comme trophées de la Première guerre mondiale. D’autre part, les réquisitions de la production agricole, puis de la main d’œuvre achèveront de détourner la population rurale du régime. Dans la mesure où il était difficile de se soustraire aux réquisitions, les paysans ont contourné autant que possible les obligations : ils ont livré de mauvais produits (du foin avarié par exemple). La réquisition des jeunes pour le Service du travail obligatoire (STO) en 1943 a suscité une vive émotion : certains essaient de s’y soustraire avec la complicité de médecins, comme le docteur Pierre Daunois du Lardin, qui déclare inapte une grande proportion de jeunes gens. Martial Faucon, trop jeune, n’est pas concerné mais décide avec ses amis fin 1943 de ne jamais partir. N’étant pas plongé dans la clandestinité, il sera un « légal dans la Résistance».
Dans sa région, le maquis se constitue aux alentours d’octobre 1943, alors que l’on sait qu’en Corrèze la Résistance y est déjà active, et qu’un Périgourdin nommé Ranoux y a pris des responsabilités. Dans la région d’Ajat la Résistance n’est pas organisée par le Parti communiste mais autour de militants de la SFIO, comme Roger Deschamps à Thenon. Un rassemblement de patriote se constitue à l’automne 1943 autour de la famille Deschamps à Thenon, de Durand à Sainte-Eulalie-d’Ans et du docteur André Daunois à Granges d’Ans (frère du docteur Pierre Daunois du Lardin). La fin de l’année 1943 est une phase d’organisation clandestine et de rassemblement. Ce sont les prémices de la formation du groupe « Roger » de l’Armée secrète (AS), auquel appartient Martial Faucon. Puis ce groupe se constitue officiellement dans la forêt Barade après le passage de la division « Brehmer » en mars 1944. Commandé par Roger Richard de l’Organisation de la résistance de l’armée (ORA), il s’installe à la Grandval où il bénéficie de l’appui technique de Peter Lake, agent instructeur du Special operations executive (SOE, réseau Digger) parachuté par Londres.
Martial Faucon précise que lors du passage de la division « Brehmer » en mars 1944, les Juifs de la commune d’Ajat n’ont pas été inquiétés. Les objectifs de cette division n’étaient alors pas connus, en particulier ceux visant les populations juives. Il fait le récit de sa rencontre avec des hommes de cette division, alors qu’il prévient du danger la famille d’un jeune maquisard du groupe AS « Maurice Dujarric ».
Au sein du groupe « Roger » le rôle de Martial Faucon était de seconder Deschamps. Puis il a été contacté fin avril 1944 par le service de renseignement de l’état-major des Francs-tireurs et partisans (FTP) : avec l’accord de ses chefs de l’AS, il recueille des informations pour les FTP jusqu’en juin 1944, puis rejoint le groupe « Roger ». Il précise que les rivalités entre groupes AS et FTP n’ont pas eu cours dans cette partie du département. En juillet 1944, il participe aux opérations de ralentissement des troupes allemandes : il se charge du dynamitage du pont ferroviaire de Niversac. Il relate également la répartition des sacs de billets saisis dans un train de la Banque de France à Neuvic en juillet 1944.
Après la libération de Périgueux en août 1944, il bénéficie d’une formation d’officier puis est lieutenant au 134e Régiment d’infanterie « Oradour ». Il participe à l’occupation de l’Allemagne jusqu’en avril 1946.
À son retour, Martial Faucon travaille à la ferme familiale, puis devient journaliste aux « Nouvelles de Bordeaux » en 1948, et à l’Écho du Centre à Limoges où il terminera sa carrière.
Nota :
Suzanne Lacore (1875-1975) était sous-secrétaire d’état à la protection de l’enfance dans le premier gouvernement de Léon Blum. Elle était l’une des trois femmes ministres.
La Grandval : situé en bordure de la forêt domaniale Barade, entre les communes de Fossemagne et Bars (canton de Thenon). Le site porte aujourd’hui le nom de « Camp-du-maquis ».