Présentation du projet
L’origine de ce projet est une carte blanche proposée par les Archives départementales de la Dordogne sur les lieux de résistance de la Seconde Guerre mondiale dans le département.
La phase préparatoire de recherche d’archives et l’écoute de témoignages de résistants enregistrés ces dernières années ont permis de recenser différents types d’événements et d’en repérer l’étendue sur le territoire observé. Ce travail de documentation a révélé l’état d’un département dans son entier en situation d’alerte, sous le joug de l’occupation nazie. Aussi, la direction donnée à ce projet ne fut pas d’inventorier tous les lieux de manière exhaustive, mais de pointer un ensemble d’indicateurs : l’étendue géographique des événements et les différents types de situations auxquelles furent confrontés populations et résistants.
L’arpentage de ces espaces quotidiens, de circulation, d’habitation, de travail, a conduit au constat d’une absence majeure de traces. L’appréhension physique de ces lieux, en écho avec la recherche documentaire effectuée en amont, a permis leur entrée en résonance avec le contexte historique observé. Marqués par le passé, traversés par le présent, ces paysages sont les dépositaires en creux de l’Histoire, mentionnant l’action du temps qui reconstruit et recouvre : ils en contiennent l’absence.
La mise en tension d’informations factuelles, propres à chaque espace visité, avec des photographies vides de traces tend ainsi à provoquer une résurgence du passé vers le présent, à agir comme un activateur, à questionner ce que l’on ne voit pas, à combler par la pensée l’absence de signes mémoriels.
Aujourd’hui comme hier, ces endroits éprouvés par l’Histoire sont paisibles et familièrement ordinaires. La photographie de ces lieux cherche à interroger dans une acception large, tant l’enfouissement de la mémoire que la fragilité d’une pensée vigilante.
Frédérique Bretin