Mémoires de Résistances de la Dordogne
Une collecte de mémoire orale
Avant la disparition des derniers témoins, les Archives départementales de la Dordogne ont mené une collecte de la mémoire orale de la Résistance, en partenariat avec l’association Centre départemental de la Mémoire (CDM). Deux campagnes de collecte ont permis de recueillir les récits de vie de 86 témoins, soit un total de plus de 176 heures d’enregistrement. La totalité de cette collecte n’est cependant pas disponible à l’écoute sur le site Mémoires de Résistances, certains témoins ne souhaitant pas que leur témoignage soit diffusé en ligne.
L'enquête Mémoires de Résistance
L’enregistrement sonore de la mémoire des témoins constitue pour les Archives départementales de la Dordogne une source complémentaire de l’histoire locale : l’activité clandestine de la Résistance n’a généré – on le comprend aisément – que de rares traces que le témoignage peut éclairer. Les documents d’archives sont, dans la plupart des cas, des papiers de l’administration (fonds du cabinet du préfet, rapports de gendarmerie par exemple) qui livrent le point de vue des autorités, partiel et parfois erroné.
La méthode
Pour engager la collecte, une liste de témoins a été constituée avec l'association Centre départemental de la Mémoire et le service départemental de l’Office national des anciens combattants (ONAC). Le choix des acteurs de cette période de l’histoire était fondé sur le principe de la meilleure représentation des différentes formes de résistance, des mouvements et des parcours, mais aussi sur l’urgence liée à l’âge et l’état de santé de certains témoins.
Les méthodes de la recherche en sciences sociales ont été privilégiées afin de recueillir des témoignages affranchis des cadres formatés, et de valoriser la diversité des origines sociales, des parcours et des engagements. Pour cela, la méthode du recueil de récits de vie a été retenue dans le cadre d’entretiens semi directifs et approfondis. Des thèmes de recherche avaient été préalablement définis lors de travaux préparatoires.
Deux campagnes de collecte se sont succédé en 2009 puis 2010-2011. La seconde campagne s’est appuyée sur les enseignements tirés de la première phase d’enquête : la collecte a favorisé les récits des résistantes et des combattants des Forces françaises libres, mais recherchait aussi à atteindre un certain équilibre géographique.
Les témoignages
Les témoignages présentent des thèmes communs comme les conditions sociales et politiques de l’émergence de formes de refus et de désobéissance, les modalités de l’entrée en Résistance, le fonctionnement d’un maquis, le quotidien dans la clandestinité ou dans la légalité, mais aussi le rôle décisif de la population rurale. On remarquera également la multiplicité des formes de résistance, de l'action non armée aux résistances dites passives. Les déportés évoquent quant à eux les actions vitales des organisations clandestines dans les camps de la mort, le quotidien et les actions déployées pour survivre. Ils parlent également de la construction d’identités politiques dans les camps, fondées sur l’espoir d’une nouvelle société à la Libération.
Des Lieux - photographies de Frédérique Bretin
En contrepoint de la collecte, Frédérique Bretin, artiste photographe, propose une réinterprétation des lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Dordogne évoqués par les témoins. Ses photographies sont consultables sous l’onglet Regard artistique.