Marie-Josèphe Deveaux se souvient de l’arrivée des réfugiés du Bas-Rhin dans la commune, ainsi que de leur dénuement. Elle garde aussi le souvenir d’avoir vu des soldats de l’armée française en déroute.
La ferme qu’ils occupent n’étant pas propice à de bonnes activités agricoles, sa famille s’installe en 1941 à Milhac-d’Auberoche. Marie-Josèphe Deveaux évoque les activités de son père qui rejoint Périgueux quasi hebdomadairement pour y vendre les produits de la ferme, et reconnaît-elle pour y pratiquer du marché noir. Il ne sera pas inquiété pour cela, hormis une plainte déposée contre lui que les gendarmes de Saint-Pierre-de-Chignac s’empresseront de classer sans suite. Elle évoque également les travaux clandestins de son père, qui, grâce à un moulin à moteur thermique puis électrique permet aux populations avoisinantes de faire du pain. Elle évoque également les confitures de betterave produites par sa mère pour obtenir du sucre. Sa famille accueille dans la ferme deux jeunes réfractaires au STO, ainsi qu’un Juif, René Furterer, devenu plus tard le spécialiste du soin capillaire.
Elle se souvient des évènements de la fin du mois de mars 1944 dans la commune de Milhac-d’Auberoche, et notamment d’une embuscade du maquis sur la route nationale 89. Dans les derniers jours de mars, certainement avant le 31 mars dit-elle, un accrochage a eu lieu non loin de chez elle : elle a pu entendre les tirs échangés entre une colonne de soldats allemands et des Résistants, au niveau du lieu-dit Lalue. Son père, qui a pu assister de loin au combat lui a indiqué qu’une moto de l’armée allemande aurait fait demi-tour en direction de Périgueux et suppose que l’information de l’attaque a été aussitôt connue. Marie-Josèphe Deveaux fait état d’une corrélation avec les évènements de Rouffignac du 31 mars 1944 : l’incendie du village serait, selon elle, les représailles à cette embuscade. Elle se souvient également que deux personnes juives ont été arrêtées durant cette période.
Elle raconte également la peur pendant ce printemps 1944, le bruit des avions durant la nuit, les passages des maquisards qui viennent se ravitailler et le soin particulier employé par les gendarmes pour éviter les hommes de la Résistance.
Enfin, elle se souvient des prisonniers de guerre allemands qui aidaient au travail de la ferme à la Libération : ils étaient regroupés à Brantôme, où son père se rendait pour les employer de 1945 à 1947.
Nota :
C’est à la lecture de l’ouvrage de Martial Faucon, Les années de guerre et de Résistance. Récits vécus en Thenonnais, Pays d'Ans et alentours que Marie-Josèphe Deveaux a décidé de témoigner, afin de combler des lacunes concernant la commune de Milhac-d’Auberoche.